mardi 15 novembre 2016

Kein Baum -- Thomas Bernhard


Kein Baum
Eine Ursache für John Donne


Kein Baum
wird dich verstehen,
kein Wald,
kein Fluß,

kein Frost,
nicht Eis, nicht Schnee,
kein Winter, Du,
kein Ich,

Kein Strumwind
auf der Höh, kein Grab,
nicht Ost, nicht West,
kein Weinen, weh -
kein Baum ...





Aucun arbre
Une cause pour John Donne


Aucun arbre
ne te comprendra,
aucune forêt,
aucun fleuve,

aucun gel,
ni glace, ni neige,
aucun hiver, toi,
aucun être,

aucune tempête
sur la hauteur, aucune tombe,
ni Est, ni Ouest,
aucune larme, douleur -
aucun arbre ...



in Thomas Bernhard, Sur la terre comme en enfer, traduit par Susanne Hommel, Orphée/La Différence (2012)


Catharina Wulf clôt sa brève étude La hantise de la question chez Thomas Bernhard, par ce passage de L'entretien infini (Maurice Blanchot, Gallimard (1969)) :

La question attend la réponse, mais la réponse n’apaise pas la question et, même si elle y met fin, elle ne met pas fin à l’attente qui est la question de la question. Question, réponse, nous trouvons entre ces deux termes l’affrontement d’un rapport étrange, dans cette mesure où la question appelle, en la réponse, ce qui lui est étranger et en même temps veut se maintenir dans la réponse comme ce tour de la question que la réponse arrête pour mettre fin au mouvement et donner le repos. Seulement la réponse, répondant, doit reprendre en elle l’essence de la question, qui n’est pas éteinte par ce qui y répond.

Et pour la référence à John Donne, elle est fréquente chez Bernhard ; ici, on peut penser à ceci :

(...) As west and east
In all flat maps (and I am one) are one,
So death doth touch the resurrection.

(extrait de Hymn to God, My God, In My Sickness)