mercredi 1 juin 2011

... silence ...






Tais-toi, l'ennemi ne t'écoute pas.





(Piergiorgio Bellocchio, cité par Jean-Marc Mandrosio dans la présentation de Nous sommes des zéros satisfaits, EdN, 2011)

Feuilles d'Herbe - 1855 -- (GM)


Une histoire qui finit bien au quelque peu nauséabond royaume de l'édition de traduction, cette parution de la traduction de la deuxième partie de la version de 1855 de Leaves of grass (Walt Whitman).

Cette traduction, et son traducteur, longtemps restés en pénitence sur la toile, ont enfin trouvé un éditeur.
 
Évidemment, cela laisse un assez disgracieux trou 404 dans la toile ... dommage, d'ailleurs, car, en ligne, on avait droit à la traduction de tout le volume !

Nous sommes des zéros satisfaits -- Piergiorgio Bellocchio



"La nostalgie de l'individu est peut-être la seule boussole, si minuscule soit-elle, capable de nous orienter dans le présent."

(Filippo La Porta, cité par Jean-Marc Mandosio dans sa présentation, à propos des notes et fragments que Piergiorgio Bellocchio publiait dans sa revue Diario et réunit parfois en recueils.)


Deux exemples "légers" :


Optimiste et Pessimiste

- Si les hommes sont capables de se sacrifier pour des causes indignes, nous ne devons pas nous inquiéter : ils seront d'autant plus disposés à le faire pour une juste cause. Vous ne croyez pas ?
- Non. Seules les causes indignes ont le pouvoir de susciter de grands enthousiasmes.


Non-violence

- Je prends acte, non sans surprise, considérant votre formation marxiste et votre militantisme révolutionnaire, du fait que vous êtes désormais favorable à la non-violence ...
- Et je ne me lasse pas de la recommander.
- Depuis quand vous êtes-vous converti à la non-violence ?
- Depuis que j'ai compris que l'ennemi est beaucoup plus fort que moi.



Le ton se fait souvent plus grave mais sans jamais pontifier ni s'encombrer de jargon ; ces notes ont toujours la fraîcheur de l'évidence, aussi désagréable soit-elle :


La vérité est presque toujours vaincue, mais jamais tout à fait. La vérité parle depuis des milliers de tombes anonymes, de fosses communes, et nous pouvons encore en distinguer la trace, comme une vieille cicatrice presque effacée qu'un mouvement du corps fait réapparaître l'espace d'un instant sur le visage des survivants, même les plus résignés, même ceux qui ont choisi d'oublier ce en quoi, ne fût-ce qu'un moment, ils avaient espéré. La vérité est le trou, l'énorme vide de nos existences.



(disponible à L'Encyclopédie des Nuisances, 2011, traduit et présenté par Jean-Marc Mandosio)