Il y a deux sortes de persuasion : l'une est la persuasion de croyance qui convient à ceux qui ont une opinion droite. L'ortho doxia est dans l'orbite de la science ; mais elle n'atteint pas le degré d'exactitude de la proposition proprement scientifique, l'autre convient à ceux qui savent.. Ceux qui sont savants on reçu pour première tâche de distinguer les moments opportuns, les personnages, les sujets et de donner à tous le genre de discours qui leur convient, aux uns les discours scientifiques aux autres les discours opinatifs. En effet, chaque homme est convaincu par des arguments différents, et l'un ne peut pas s'élever jusqu'à la science et se contenter d'opinions droites tandis que l'autre saisit aussi les modes les plus exacts de la connaissance. Ainsi donc c'"es le même qui persuade l'un ou plusieurs, seulement il persuade les uns d'une façon et les autres d'une autre. En revanche la puissance de persuasion demeure la même, et l'ouvrière de ces deux sortes de persuasions c'est la science car elle use de ces deux sortes comme il faut. C'est donc à juste titre que les théologiens aussi associent avec le dieu dispensateur de la science, Peitho.
(ndlc : Peitho est la déesse grecque de la persuasion.)
L'affaire est donc entendue ; encore faut-il supposer que nos députés LR puissent se hisser au niveau des opinions droites ... encore faut-il hardiment passer outre le conseil de Baudelaire :
Symptômes de ruine. Bâtiments immenses. Plusieurs, l’un sur l’autre.Des appartements, des chambres, des temples, des galeries, des escaliers, des cœcums, des belvédères, des lanternes, des fontaines, des statues. – Fissures, lézardes. Humidité provenant d’un réservoir situé près du ciel. – Comment avertir les gens, les nations – ? Avertissons à l’oreille les plus intelligents.
(ndlc : c'est moi qui souligne ... ; ndlc2 : certaineses sources notent "promenant" que j'ai corrigé en "provenant" qui me semble plus probable)
Symptômes de ruine. Bâtiments immenses. Plusieurs, l’un sur l’autre.Des appartements, des chambres, des temples, des galeries, des escaliers, des cœcums, des belvédères, des lanternes, des fontaines, des statues. – Fissures, lézardes. Humidité provenant d’un réservoir situé près du ciel. – Comment avertir les gens, les nations – ? Avertissons à l’oreille les plus intelligents.
(ndlc : c'est moi qui souligne ... ; ndlc2 : certaineses sources notent "promenant" que j'ai corrigé en "provenant" qui me semble plus probable)
La citation ci-dessus est extraite de Sur le premier Alcibiade de Platon, commentaire par Proclus du dialogue qu'on appelle plutôt aujourd'hui l'Alcibiade majeur, dialogue qui constitua pendant presque dix siècles l'introduction à l’œuvre de Platon.
Elle est donnée par Benny Lévy dans Le meurtre du Pasteur - Critique de la vision politique du monde (Grasset / Verdier 2012) ; Benny Lévy dont les éditions Verdier ont publié le cours sur l'Alcibiade, justement, sous-titré Introduction à la lecture de Platon et celui sur le Phédon, sous-titré Philosopher en présence de la mort, deux lectures de Platon, hétérodoxes peut-être mais dont l'immense mérite est de forcer à lire le texte, au sens le plus strict, sans s'en tenir aux commentaires accumulés par les siècles. A noter que certains passages très "allusifs" de ces cours (la notion de trace pour l'Alcibiade, par exemple, ou ce "autant manifester contre la mort", commentaire ironique à l'activité militante de ses étudiants) s'éclairent à la lecture de Le meurtre du Pasteur ou de Le logos et la Lettre.