mardi 1 décembre 2020

Strette -- Paul Celan

 Juste le début ...




*

Verbracht ins

Gelände

mit der untrüglichen Spur:

 

 

Gras, auseinandergeschrieben. Die Steine, weiß,

mit den Schatten der Halme:

Lies nicht mehr – schau!

Schau nicht mehr – geh!

 

 

Geh, deine Stunde

hat keine Schwestern, du bist –

bist zuhause. Ein Rad, langsam,

rollt aus sich selber, die Speichen

klettern,

klettern auf schwärzlichem Feld, die Nacht

braucht keine Sterne, nirgends

fragt es nach dir.


*

 


 

*

Dé-placé dans

le territoire

à la trace non-trompeuse :

 

herbe écriture désarticulée. Les pierres, blanches,

avec les ombres des brins :

Ne lis plus - regarde !

Ne regarde plus – va !

 

Va ton heure

n’a pas de sœurs, tu es –

tu es chez toi. Une roue, lente,

roule d’elle-même, les rayons

grimpent

grimpent dans un champ presque noir, la nuit

n’a pas besoin d’étoiles, nulle part

il n’y a souci de toi.

*

 

(traduit par Jean-Pierre Lefevre)