mardi 24 avril 2012

La résignation seule est ringarde


La mort peut devenir un signe de liberté. La nécessité de la mort ne réfute pas la possibilité de la libération finale. Comme toutes les autres nécessités, elle peut être rendue rationnelle, indolore. Les hommes peuvent mourir sans angoisse s'ils savent que ce qu'ils aiment est protégé de la misère et de l'abandon. Après une vie comblée, ils peuvent prendre sur eux de mourir au moment de leur choix. Mais même l'avènement ultime de la liberté ne peut racheter ceux qui sont morts dans la douleur. C'est leur souvenir et la culpabilité de l'humanité contre ses victimes qui assombrit la perspective d'une civilisation sans répression.

(in Herbert Marcuse, Éros et Civilisation - Contribution à Freud, traduit par J. G. Nény et B. Fraenkel aux Éditions de Minuit, 1963)





Cité dans ce bon livre Sur Marcuse de Jean-Michel Palmier (10/18, 1968), livre dont la clarté d'exposition parvient à surmonter certaines pages (la section finale consacrée à l' "actualité" d'Herbert Marcuse - donc en 1968 -, tout particulièrement) d'une rhétorique parfois pesante et datée.


Portrait d'un chat parisien (mai 1968)


Relire Marcuse pour ne pas vivre comme des porcs (ici, aussi), comme l'écrivait Gilles Châtelet : 

C’est pourquoi il faut lire et relire Marcuse, l’homme pour qui la résignation seule est ringarde. Résignation qui nous interdit de saisir cette coalition du patient et du rauque qui forge la splendeur de l’individuation humaine.