vendredi 9 décembre 2011

Nos sincères félicitations ...


"L’équipe du professeur Ron Fouchier, dont la qualité est attestée par une impressionnante liste de publications, a créé, à partir du déjà très célèbre H5N1, un virus plus mortel que tous ceux qui existent dans la nature. Car, si la mortalité chez les personnes infectées par la grippe aviaire est d’environ 50 %, le virus à l’état naturel n’est pas transmissible entre êtres humains, ce qui limite les risques d’épidémie. Les scientifiques de l’équipe de Ron Fouchier ont manipulé le génome de ce virus afin de le rendre transmissible entre êtres humains, faisant ainsi tomber la dernière protection de la population humaine."






Excellente occasion pour une petite citation extraite de La barbarie de Michel Henry (Grasset, 1987 ; PUF 2000) :

Le développement économique, avec ses lois en apparence autonomes, sa finalité abstraite, ses contradictions incomprises, ses effets imprévisibles, était vécu par les hommes, depuis qu'il constitue un monde spécifique, comme un destin étranger, leur distribuant alternativement prospérité et misère, et le plus souvent celle-ci. Encore ce destin tenait-il sa substance de leur propre vie, de leur travail, de leur espoir et de leur souffrance, même si, de façon incompréhensible, il retournait contre eux leur propre effort, pour les écraser et les asservir. Avec la technique, le caractère autonome du développement a cessé d'être une apparence, c'est un mouvement qui n'a aucun rapport avec la vie, qui ne lui demande rien et qui ne lui apporte rien, rien qui lui ressemble en tout cas, qui soit conforme à son essence et à ses vœux. Ce qu'il lui apporte, ce qu'il lui impose, c'est justement l'autre de la vie, ce sont des procédures et des mécanismes enfouis au cœur de la nature, que la science extirpe de son sein, qu'elle arrache à la Finalité obscure où ils sont enveloppés, pour les livrer à eux-mêmes, à leur abstraction et à leur isolement : c'est alors qu'ils se déchaînent, nouant entre eux des connexions artificielles, s'épaulant l'un l'autre, s'ajoutant l'un à l'autre, selon un ordre hasardeux qui n'est plus celui de la Nature ni celui de la Vie, qui n'est plus un ordre mais un procès sauvage où toute possibilité nouvelle née d'une rencontre fortuite devient la seule raison d'un développement qui n'en a plus aucune. Libre de tout lien, séparée de toute totalité cohérente et finalisée, la technique fonce en avant, droit devant elle, comme une fusée interplanétaire, sans savoir d'où elle vient, où elle va, ni pourquoi. Dans son extériorité radicale à la vie, à la vie qui se sent et s'éprouve elle-même et puise en elle, dans ce qu'elle éprouve, la loi de son action et de son développement, elle est devenue une transcendance absolue, sans raison et sans lumière, sans visage et sans regard, une "transcendance noire (1)".

(1) Gilbert Hottois, le Signe et la Technique, Aubier, Paris, 1984, p. 152