dimanche 20 mai 2012

215 ans plus tard ...


1797, à Pâques paraissait le premier volume de Hyperion de Friedriech Hölderlin ; extrait de la première lettre (Hypérion à Bellarmin) :


Wohl dem Manne, dem ein blühend Vaterland das Herz erfreut und stärkt ! Mir ist, als würd’ ich in den Sumpf geworfen, als schlüge man den Sargdekel über mir zu, wenn einer an das meinige mich mahnt, und wenn mich einer einen Griechen nennt, so wird mir immer, als schnürt’ er mit dem Halsband eines Hundes mir die Kehle zu.
Und siehe, mein Bellarmin ! wenn manchmal mir so ein Wort entfuhr, wohl auch im Zorne mir eine Thräne in’s Auge trat, so kamen dann die weisen Herren, die unter euch Deutschen so gerne spuken, die Elenden, denen ein leidend Gemüth so gerade recht ist, ihre Sprüche anzubringen, die thaten dann sich gütlich, liessen sich beigehn, mir zu sagen : klage nicht, handle !
O hätt’ ich doch nie gehandelt! um wie manche Hoffnung wär’ ich reicher ! –



Heureux celui dont le coeur tire joie et force de la prospérité de sa patrie ! Pour moi, quand on me parle de la mienne, c'est comme si on m'avait jeté dans un bourbier, refermé sur la tête le couvercle d'un cercueil ; et de m'entendre appeler "Grec", je me crois le chien auquel on passe le collier autour du cou.
Or, sache-le mon Bellarmin : chaque fois que de tels propos m'ont échappé, chaque fois que j'ai pleuré de dépit, j'ai vu venir à moi les sentencieux personnages qui hantent votre Allemagne, ces malheureux qui n'aiment tant les âmes souffrantes que pour leur appliquer leurs maximes : et de s'en donner à coeur joie, et de me dire, entre autres bons conseils : "Plutôt que de gémir, si tu agissais ?"
Hélas ! que n'ai-je pu n'agir jamais ! De combien d'espérances ne serais-je pas plus riche !

(traduit par Philippe Jaccottet)