samedi 18 août 2012

Affirmation -- Uffe Harder (1930-2002)


Bram Van Velde
Sans Titre 1936-1941



Tu brûles
alors qu'il est inconcevable
que quelque chose puisse brûler ici
et après ceci
tu brûles
et je me chauffe à toi
et te réchauffe
moi, ton non au désespoir
toi, mon non au reniement
vivante mes mains t'abritent
contre le vent qui veut t'éteindre
contre le passé qui veut t'étouffer
sous les cendres
contre la pluie qui veut nous désunir
contre les ombres qui veulent nous surprendre
toi qui brûles pour que mes mains soient ouvertes
pour qu'elles ne soient pas fermées comme la pierre
moi qui te caresse
pour que la neige ne t'enferme pas
dans les routes derrière tes cils
mais rien ne peut nous tuer
rien ne doit nous tuer
et rien ne peut nous séparer
rien ne doit nous séparer
toi qui brûles pour que mes mains soient ouvertes
moi qui te guide sur les mers
qui brisent tous les ponts.


(in Cobra Poésie, Anthologie établie et présentée par Jean-Clarence Lambert, Orphée / La Différence, 1992)


La transcription des textes de Luc Zangrie m'a renvoyé vers Cobra, souvenir de cette toile de Karel Appel à Beaubourg que je pouvais passer des heures à regarder (assis par terre ... Beaubourg étant ce qu'il est !), jusqu'à provoquer une vague inquiétude du personnel ; il y avait un grand Alechinsky dans la même salle, un Tanguy aussi. Un peu plus loin un Degotteix. Bon, les deux derniers ne sont pas Cobra du tout, je sais (Bram Van Velde non plus, d'ailleurs ; peut-être Cobra Honoris Causa, tout de même ?).

Cobra poésie m'a toujours posé problème : autant en français (Dotremont, Raine, Alechinsky, par exemple), je suis souvent émerveillé, autant quelque chose reste apparemment coincé pour les traductions du danois ou du néerlandais, deux langues dont j'ignore absolument tout ... Frustration ; frustration d'autant plus grande que, parfois, mais trop rarement, cela passe, et rudement bien, comme ci-dessus.