jeudi 4 août 2011

The way to Rainy Mountain -- N. Scott Momaday





A la source

Midi sur la grande vallée
Dans le silence des marais,
Sur l'arbre creux, marqué par les ans,
Juste un insecte, un peu de mousse.
Mais l'eau submerge les racines,
Et part à l'assaut des branches.
Le savez-vous ?
Ce qui anime cette force primitive
Jaillissait, sauvage, à la source.



Il faut savoir que le mythe enseigne que les Kiowas vinrent au monde en passant à travers un arbre creux pour saisir pleinement les accents funèbres de ce poème liminaire.



Rainy Mountain (Oklahoma)






Un tertre isolé surgit de la plaine d'Oklahoma, au nord et à l'ouest de la chaîne Wichita. Pour mon peuple, les Kiowas, ce tertre est un antique point de repère et ils lui ont donné le nom de Montagne de Pluie. On y trouve le climat le plus redoutable qui soit. L'hiver amène les blizzards, des vents brûlants soufflent en tornades au printemps et l'été la prairie est écrasée de chaleur. L'herbe brunie craque sous les pieds. Le long des rivières et des ruisseaux poussent des bosquets de noyers blancs, de pacaniers, de saules et d'hamamélis. En juillet et août, leur feuillage frémit, à la limite de l'embrasement. Les grandes sauterelles vertes et jaunes envahissent les hautes herbes et sautent, meurtrissant les chairs. Les tortues se trainent sur la terre rouge, semblant n'aller nulle part. La solitude marque cette terre. Tout y est unique. Le regard ne s'y disperse pas : une seule colline, un seul arbre, un seul homme. Quand on contemple ce paysage à l'aube, avec le soleil derrière soi, on perd le sens des proportions. L'imagination prend vie et l'on se dit que là est le lieu où commença la Création.





Paru en 1969 chez University of New Mexico Press, disponible en français (Le chemin de la Montagne de Pluie, folio, traduction de Philippe Gaillard, d'où sont extraits les deux passages ci-dessus), une transmission des mythes kiowas accompagnée d'une réflexion sur ce que peut signifier cette transmission dans les conditions actuelles des nations indiennes. A conserver au côté de Lance Henson, de Wendy Rose, du Book of the Hopi ou de Tahca Ushte (De mémoire indienne, chez Terre Humaine - Plon).