lundi 17 octobre 2011

Rétrospective Yayoi Kusama au Centre Pompidou




Untitled (1952)



Depuis son retour au début des années 90, Kusama n'a guère quitté le devant de la scène. Au-delà de son obsession pour le motif à pois ("polka dots"), on connaît bien maintenant les images de ses performances des années 60, ses accumulations, ses étonnantes sculptures textiles qui évoquent irrésistiblement son exacte contemporaine Louise Bourgeois, ses installations qui désorientent le spectateur par des reflets démultipliés (Fireflies, présentée, c'est bien dommage, sans masquer par des rideaux les portes d'accès, ce qui laisse filtrer un peu trop de lumière extérieure pour jouir pleinement de l'atmosphère ; il est vrai que le risque de désorientation apporté par le miroir d'eau au sol est important dans cette installation mais c'est quand même le jeu ...).

Cette rétrospective donne l'occasion de voir aussi ses œuvres des années 50 et celles des dernières années qui leur répondent "motif pour motif" sur un ton moins douloureux, moins hanté par l'appel du vide : les motifs, naguère fragiles, menacés par un fond noir envahissant, animent désormais la toile sur toute sa surface, la peuplent, la remplissent sans pour autant la saturer rageusement comme la prolifération inquiétante de ses accumulations.


Eyes (2004)


Je n'avais jamais vu l'ensemble d'Infinity Nets de la fin des années 50, quasi-monochromes blancs où le fond noir de la toile est imperceptiblement révélé par d'innombrables scarifications grossièrement circulaires. Réuni dans une seule salle, cet ensemble de grandes toiles produit un merveilleux effet d'apaisement, loin du défi visuel des toiles colorées et / ou structurées qui suivront. Dans ces dernières, l’œil ne sait où accommoder : sitôt qu'il se fixe à un endroit, les reste de la toile regimbe et réclame sa part d'attention ; pas vraiment de "distance idéale" non plus, on avance, on recule, la toile reste insaisissable, l'infinie accumulation des détails disperse l'attention, l'atomise. Ces Infinity Nets blancs produisent au contraire un effet d'enveloppement, de concentration : tous les points de vue sont bons, l'absence de centre est ressentie de façon quasi-physique : on "flotte" à travers cette salle !


(jusqu'au 9 janvier 2012)