vendredi 24 février 2012

Moi mistrzowie -- Adam Zagajewski


Moi mistrzowie nie są nieomylni.
To nie Goethe, który nie może
zasnąć tylko wtedy, gdy w oddali
płaczą wulkany, ani Horacy,
piszący w języku bogów
i ministrantów. Moi mistrzowie
pytają mnie o radę. W miękkich
płaszczach narzuconych pośpiesznie
na sny, o świcie, gdy chłodny
wiatr przesłuchuje ptaki, moi
mistrzowie mówią szeptem.
Słyszę jak drży ich głos.

in Oda do wielości
Paris, 1982/1983 ?
(Ode à la multitude)




My masters

My masters are not infallible.
They're neither Goethe,
who had a sleepless night
only when distant volcanoes moaned, nor Horace,
who wrote in the language of gods
and altar boys. My masters
seek my advice. In fleecy
overcoats hurriedly slipped on
over their dreams, at dawn, when
the cool wind interrogates the birds,
my masters talk in whispers.
I can hear their broken speech.

(excellente introduction
anglophone
à la poésie polonaise)


Mes maîtres

Mes maîtres ne sont pas infaillibles.
Ils ne sont ni Goethe
Que seule la plainte de volcans lointains
Pouvait empêcher de dormir, ni Horace
qui écrivait dans la langue des dieux
et des autels. Mes maîtres
me demandent conseil. Un imperméable
informe jeté à la hâte
sur leurs rêves, à l'aube,
quand le vent frais questionne les oiseaux,
mes maîtres parlent tout bas.
J'entends comme leur voix tremble.




1982, Goethe, Horace ... pour qui oublie la date, il y a sans doute beaucoup d'injustice à faire d'eux les parangons de la bonne conscience au sommeil de plomb ("Naturellement, nous ne ferons rien.") ou de la confortable collaboration (amnistiée ou non).

1982 ... l'année suivante, Zbigniew Herbert, un maître sans doute aux yeux de Zagajewski  né comme lui à Lwów mais qui lui rend une vingtaine d'années, faisait paraître, également à Paris, son Rapport d'une ville assiégée ; on y lisait un Maîtres anciens :

(...)
je vous appelle Maîtres Anciens
aux durs moments de doute

faites que je me dépouille
des écailles serpentines de la morgue

faites que je demeure sourd
aux tentations de la gloire

je vous appelle Maîtres Anciens
(...)

traduit par Jacques Burko