lundi 13 février 2012

Odkrycie -- Wisława Szymborska (1923-2012)


Wierzę w wielkie odkrycie.
Wierzę w człowieka, który dokona odkrycia
Wierzę w przestrach człowieka, który dokona odkrycia.

Wierzę wbladość jego twarzy,
w mdłości, w zimny pot na wardze.

Wierzę w spalene notatek,
w spalenie ich na popiół,
w spalenie co do jednej.

Wierzę w rozsypanie liczb,
w rozsypanie ich bez żalu.

Wierzę w pośpiech człowieka,
w dokładność jego ruchów,
w nieprzymuszoną wolę.


Wierzę w utłuczenie tablic,
w wylanie płynów,
w zgaszenie promienia.

Twierdzę, że to się uda
i że nie będzie za późno,
i rzecz rozegra się w nieobecności świadków.

Nikt się nie dowie, jestem tego pewna,
ani żona, ani ściana,
nawet ptak, bo nuż wyśpiewa.

Wierzę w nieprzyłożoną rękę,
wierzę w złamaną karierę,
wierzę w zaprzepaszczoną pracę wielu lat.
Wierzę w sekret zabrany do grobu.

Szybują mi te słowa ponad regułami.
Nie szukają oparcia w jakichkolwiek przykładach.
Moja wiara jest ślepa i bez podstaw.



Découverte

Je crois en une grande découverte.
Je crois en l'homme qui fera la découverte.
Je crois en l'effroi de l'homme qui fera la découverte.

Je crois en son visage livide,
en sa nausée, en la sueur sur sa lèvre.

Je crois en notes brûlées,
brûlées jusqu'aux cendres,
brûlées jusqu'à la dernière.

Je crois en la dispersion des chiffres,
leur dispersion sans regrets.

Je crois en la hâte de l'homme,
en la précision de ses gestes,
en son libre arbitre.

Je crois en la destruction des tables,
le déversement des liquides,
l'extinction du rayon.

J'affirme qu'on y parviendra,
qu'il ne sera pas trop tard,
et que la chose se fera sans témoins.

Personne n'en saura rien, j'en suis sûre,
ni la femme, ni le mur,
ni l'oiseau : sait-on jamais ce qu'il chante.

Je crois en la main suspendue,
je crois en la carrière brisée,
en des années de travail pour rien.
Je crois en un secret emporté dans la tombe.

Ces mots planent très haut au-dessus des formules.
Ne cherchent nul appui sur quelque exemple que ce soit.
Ma foi est forte, aveugle, et sans aucun fondement.


traduit par Piotr Kamiński
in Wisława Szymborska
De la mort sans exagérer
Fayard, 1996



Chernobyl


La traduction du dernier tercet est un peu curieuse :
  • "Szybują mi te słowa ponad regułami" ; littéralement : "Ces mots me font planer au-dessus des règles". Pas tout à fait la même chose ... "Ces mots me transportent par-delà les règles".
  • Idem pour le dernier vers : je ne lis que "Ma foi est aveugle,et sans fondement"; aucune mention de "force", et c'est bien suffisant : en polonais comme en français, "aveugle" quand il qualifie la foi connote la force ; c'est tout l'art de Szymborska de renverser cette image de foi enracinée comme un sumo : foi indéracinable car "sans fondement".

Au total, quelque chose comme cela (un petit exemple du mysticisme discret de Szymborska) :

Ces mots me transportent par-delà les règles.
Ils ne cherchent confirmation dans aucun exemple.
Ma foi est aveugle et sans fondement.