samedi 6 février 2010

"l'humanité universelle est visible sur les bords" -- Susan Buck-Morss, citée par Slavoj Žižek


Les deux premières parties du livre de Žižek sont moins linéaires que la dernière ; elles maintiennent pourtant leur trajectoire, passant sans trop de heurts d'une drôlatique herméneutique "Kung-Fu Pandienne" du berlusconisme à des pages comme celles ci-dessous où, au-delà des réserves de rigueur, Žižek, à la différence de l'immense majorité de la "gauche de la gauche", sait trouver les mots justes sur ce qui est au cœur de cet événement ; puis viennent ces quelques pages admirables sur Haïti :





Pour ce qui est des justes récriminations contre mon usage immodéré de la photocopieuse, voir ici, merci.


Reposer la question dans le bon sens : non pas le prétentieux "Marx vu d'aujourd'hui ?" mais l'aride "Aujourd'hui vu de Marx" ; non pas le narcissique "Qu'est-ce que la France signifie pour Haïti ?" mais l'infiniment plus dérangeant "Qu'est-ce qu'Haïti signifie pour la France ?" ; si dérangeant que la question paraît à première vue grotesque, que la réponse bonasse "Ben ... rien." semble s'imposer. Sauf que ...

Sauf que ce discours universaliste d'autant plus radical qu'il s'exerce là où il ne risque pas d'être mis à l'épreuve n'est pas la spécificité d'une époque révolue. Sauf que cette façon d'ignorer "là-bas" (qui n'est pas forcément un lointain géographique) une (in)action foncièrement répressive en se réfugiant "ici" (qui est d'autant mieux marqué que le "là-bas" est plus proche, jusqu'à la définition physique du mur comme frontière) derrière les moulins à prières des "Lumières" est précisément ce qui fait notre actualité.

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