(...)
ma haine ne se dissipera pas avant que soit passé le fer rouge dans les rangs monstrueux de ceux qui se répandent comme des moucherons
et poursuivent de la vieillesse inhumaine le sombre accroissement des tas sur lesquels se prélassent les yeux injectés de venin le gluant ennui de leur sang les aumônes
je chante la haine pernicieuse
je pense à la tristesse qui bientôt débordera les purs réservoirs où augmente la puissance terrestre de l'homme
je pense à la décision unanime dont le sens déclenchera à la même minute dans toutes les poitrines l'incendie contenu
à l'impatience aux fleurs crispées qui joueront devant les yeux les étoiles aux promesses d'éclosion près de leurs gorges palpitantes
le bois vert ployé sous le regard
que rien ne résiste à l'homme qui a pris sur lui la souffrance des autres
elle veille et le pousse à la lutte des suprêmes témoignages
la terre qui se fond dans l'accueil de ses fruits
quand il se confie à ses yeux grands ouverts
toutes les mélodies se taisent dans l'anxiété des premiers pas
fusez salves orgues sifflez la tache répandue qu'annonce la grappe des souffles
et adhère stridente en communauté parfaite
par gradins de rire panique
au front éclairci au rajustement et à la course précipitée du destin de l'homme vers sa source et son fruit
Le final de ce texte qui passe de la prose aux accents des Psaumes, publié dans Grains et issues en 1935 (L'homme approximatif était paru en 1931). Disponible chez Garnier-Flammarion.
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