Et tandis que tout Paris s'interroge gravement sur le travail de Larry Clark -- est-ce de la pornographie ? est-ce de l'art ? Bof ... ni l'un, ni l'autre, malheureusement ; n'étaient l'indigence des textes et la taille excessive des tirages récents (Un des mérites de la photographie n'est-il pas d'attirer le regard, de le concentrer vers une surface infiniment limitée en proportion de ce qu'elle est capable de déclencher ? Au lieu de cela, au lieu d'aimanter le regard, de le libérer en lui offrant une échappée en profondeur, ces tirages géants ne font que le cerner, le capturer, le soumettre : la série Tusla -- 20x30 noir et blanc, années 70 -- aimante l'œil tandis que les grands formats de la série Los Angeles m'évoquent simplement des affiches publicitaires) ce serait un excellent documentaire -- allez donc faire un tour du côté de cette curieuse édition franco-italo-échiquéenne (en téléchargement gratuit) de quelques poèmes pornographiques de Benjamin Péret tirés de Les Couilles Enragées qui ne fut publié qu'en 1954 par Eric Losfeld (sous le tire Les Rouilles Encagées) après que les épreuves aient été saisies par la police en 1928 ...
Exemple :
Exemple :
Accroche un lampion à ta bite
et va
mais bande
Que la tour Eiffel étonnée se cache dans le cul du Trocadéro
que la Seine excitée
envahisse la rue Trousse‐Nonains
que les poteaux télégraphiques
déchargent leurs dépêches dans la bouche d'un égout
que la toile de Jouy gise épuisée
sur les matelas éventrés
Et ne t'arrête pas ainsi Bande nom de Dieu
que la boulangère remplace le boulanger par son pain
et que ce pain viole toutes les vierges de la ville
Bande encore Défonce les tabernacles
fous la guillotine
afin qu'elle décapite le bourreau
Bande toujours plus
que ta queue gronde comme un torrent
Alors tu iras sur le boulevard
précédé de la renommée de ton vit
et toutes rouges les femmes te jetteront des confettis blancs
le leur
et va
mais bande
Que la tour Eiffel étonnée se cache dans le cul du Trocadéro
que la Seine excitée
envahisse la rue Trousse‐Nonains
que les poteaux télégraphiques
déchargent leurs dépêches dans la bouche d'un égout
que la toile de Jouy gise épuisée
sur les matelas éventrés
Et ne t'arrête pas ainsi Bande nom de Dieu
que la boulangère remplace le boulanger par son pain
et que ce pain viole toutes les vierges de la ville
Bande encore Défonce les tabernacles
fous la guillotine
afin qu'elle décapite le bourreau
Bande toujours plus
que ta queue gronde comme un torrent
Alors tu iras sur le boulevard
précédé de la renommée de ton vit
et toutes rouges les femmes te jetteront des confettis blancs
le leur
Est-ce de la pornographie ? Oui, assurément !
Est-ce de la poésie ? Oui, tout aussi assurément !
Illustration de Yves Tanguy pour Les Couilles Enragées
Pour la version intégrale, c'est au tome IV des Œuvres Complètes chez Corti !