Toujours impeccable ; à lire puisque l'actualité récente a permis à nos magistrats d'en remettre une louche ... en notre nom.
On rappellera juste ce poème de Gérald Godin, à propos de la crise d'Octobre; est-on au Québec, en 1970, ou en France, en 2009-2010 ?
Libertés surveillées
Quand les bulldozers d'Octobre entraient dans les maisons
à cinq heures du matin
Quand les défenseurs des Droits de l'Homme
étaient assis sur les genoux de la police
à cinq heures du matin
Quand les colombes portaient fusil en bandoulière
à cinq heures du matin
Quand on demande à la liberté de montrer ses papiers
à cinq heures du matin
il y avaient ceux qui pleuraient en silence
dans un coin de leur cellule
il y avait ceux qui se ruaient sur les barreaux
et que les gardiens traitaient de drogués
il y avait ceux qui hurlaient de peur la nuit
il y avait ceux qui jeûnaient depuis le début
Quand on fait trébucher la Justice
dans les maisons pas chauffées
à cinq heures du matin
Quand la raison d'état se met en marche
à cinq heures du matin
il y en a qui sont devenus cicatrices
à cinq heures du matin
il y en a qui sont devenus frisson
à cinq heures du matin
il y a ceux qui ont oublié
il y a ceux qui serrent encore les dents
il y a ceux qui s'en sacrent
il y a ceux qui veulent tuer
(in "Libertés surveillées", Éditions Parti-pris, 1975)
La crise d'Octobre avait fait une victime bien réelle, le ministre Pierre Laporte ; chez nous, c'est à peine si quelques trains avaient pris du retard.