Lolita vous laisse froid ? La défense Loujine vous ennuie ? Les interminables jeux de miroir de Feu pâle vous lassent ? Les pirouettes vous fatiguent et les papillons ne vous intéressent que vivants ? Moi aussi.
Pourtant, il y a un livre de Nabokov dont je ne me séparerais qu'à grand regret, Brisure à senestre (cette expression d'héraldique est un peu bizarre mais allez rendre les échos multiples de Bend sinister !) que je viens de relire : Nabokov peut bien y continuer à sa guise ses pirouettes sous la forme habituelle de l'auteur démiurge présent/absent, semer des rébus idiots en trois ou quatre langues ou tisser des fils rouges qui ne mènent à rien, il ne parvient pas à gâcher l'ostinato mis à nu dès qu'apparaissent Krug et son fils ou Krug et le souvenir de sa femme Olga, comme si, à son corps défendant peut-être mais qu'importe (quoique la préface semble indiquer le contraire), le marionnettiste virtuose laissait un instant son personnage prendre de l'épaisseur. C'est seulement à travers cette épaisseur que je peux me laisser aller ensuite à apprécier la farce hénaurme et les ectoplasmes bariolés qui l'animent.
La scène finale est un parfait exemple de double salto, du présent au passé, de l'intrigue à l'auteur ; la maîtrise est impressionnante :
(Bend Sinister est paru en 1947 ; traduction française de Gérard Henry Durand chez Julliard en 1978, revue par René Alladaye chez Folio en 2010)
La scène finale est un parfait exemple de double salto, du présent au passé, de l'intrigue à l'auteur ; la maîtrise est impressionnante :
Pour ce qui est des justes récriminations contre mon usage immodéré de la photocopieuse, voir ici, merci.
(Bend Sinister est paru en 1947 ; traduction française de Gérard Henry Durand chez Julliard en 1978, revue par René Alladaye chez Folio en 2010)