mercredi 9 mars 2011

Dharma guns -- F.J. Ossang







On ne l'a pas vu mais on ira le voir.



15/01/2011


On l'a vu ; ceux qui ont aimé les précédents films d'Ossang ne seront pas déçus. Les autres quitteront la séance en maugréant que le cinéma, ce n'est pas que de faire de belles images et qu'on n'y comprend rien ; et ils auront raison, deux fois : les images sont superbes et, oui, on n'y comprend rien, à ceci près que, malgré tout, en dépit de la façon qu'a Ossang de semer indices et fausses pistes, un peu à la manière d'un puzzle dont on ne serait pas vraiment sûr de détenir toutes les pièces (ni même que plusieurs boites n'aient été mélangées), le film fait sens, inexorablement. 

"Des êtres nés dans le territoire des cauchemars échangent des paroles  maigres, des formules qui émettent des signaux tout à fait différents de ce que disent les mots."
Bien vu !

En 1981, cela donnait ceci (Alcôve clinique, Ceéditions) :

Dans la Mort. Vous êtes dans la Mort. Dans les steppes regards. Les Yeux de la vie, les Yeux de la mort, et la steppe. herbes rases, épineuses, coupantes, interminablement raidies sur leur couche d'infinitude.

Générique des figures mortuaires :
Soledienne, la Première Morte.
Corps bleuté, glacé sous l'empire des veines figées, peuple de masses coagulées. Poignets tailladés d'Elle, tiédie dans les eaux rouges de la baignoire.
Pella :
Deux autres girls. Tuées.
Frantz Varetzi, le Dernier Narrateur.
Il. Recherche la Tombe Soledienne. Rampe vers l'inaccessible fosse des cendres. Égaré dans les steppes regards du mâle et de la femelle, de la vie et de la mort, du soleil et de la nuit, de l'exécuteur et de la victime assassine.

La fouille du cachot de lueurs s'est amorcée. Les montagnes de poudre de la Maison des Morts commencent à se disperser sur les steppes. herbes rases, épineuses, coupantes, interminablement raidies sur leur couche d'infinitude. Dans la Mort, vous êtes dans la Mort.



Ou encore, en 1994, dans L'ode à Pronto Rushtonsky (Warvillers) :

D'où vient la malédiction que j'aie mystérieusement vécu toujours à l'envers de ce que semblait préfigurer mon enfance. Et Pronto. D'où s'est-il évanoui ?



Autant de petites pièces qui composent lentement une seule œuvre.