Il lit sur les visages
un journal absurde
le miroir d'êtres creux
regards, désirs difformes
image de déshonneur
aux couleurs criardes
pour ce temps de faussaires
-
Il regarde la troupe bêlante
qui s'avance sous le fouet des flammes
cravachée par les loups aux robes fauves
il danse dans le feu, ivre
fasciné comme le papillon
-
Quand s'éveillera -t-il
le prisonnier qu'emporte dans l'abîme
la houle de la détresse ?
Quand changera-t-il
l'homme
quand donc levant l'opprobre
jaillira-t-il
en profusion de dons ?
(extrait de Cravaches des loups fauves, in Qorachi, L'étang de la soif, bilingue, traduit de l'arabe par Samia Akel et Abbias Torkey, en collaboration avec Mohammed Oudaimah, pour Arfuyen, 1989)
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Sur les ombres de l'exil
Étranger
et cette fumée
et notre nuit et l'insomnie sur les paupières
le tumulte des désirs
Engloutis, paralysés par les visions de torture
dévorés par les pirates
Puis les vagues succédant aux vagues
les lanternes blafardes
le brouillard lourd, persistant, ironique auprès des cavernes
Un astre absurde
des objets colorés, dispersés
contraires à leur nature
Je pars à la dérive
le déluge me ramène à moi
la cendre me jette sur des miroirs de tristesse
le bourreau est ivre de sa chasse
et sourit aux victimes qui défilent sur les trottoirs du passé
parmi les ronces de la honte
sous les carcasses des corbeaux
des victimes qui se hâtent vers le non-retour
Étranger
sur les fleuves du soir voguant sans barque
Jusqu'au fond plonge le prisonnier
Le soleil perce derrière son voile
regarde et disparaît
La clarté s'évanouit
le voile se résorbe
À ses oreilles
le bavardage des égarés
ralentit, reflue
dans l'obscurité de l'océan
Pas de flûte en ses mains
pas de luth ni de cithare
Les vents murmurent-ils
sous le souffle des ombres de l'exil ?
Étranger
il mâche la braise
il pousse son cheval vers les sources des douleurs
des soupirs
les grand'places refoulent sa monture
Il a soif. Le mirage est son eau
Les gémissements sa nourriture
Il vit comme si la folie de la chaleur lui était fraternelle
et le désespoir le seul pont qui mène aux oasis
La paix l'a quitté
il s'est égaré dans les hauteurs de la ville
lassé de trop de patience
La tempête a soufflé sa tente
dans ses yeux embrumés
les nuages ont voilé les versants des montagnes
et les forêts se sont brouillées
Et toi
toi, murmure des âges
flot des chants
j'ai dit ton nom, j'ai forcé ton écho
Les murs ont volé autour de moi
J'ai dit ton nom
rêvé de tragédie et de mort
Au portail des douleurs
J'ai dit ton nom
en ma soif d'aube
de pluie
d'amitié
échoué sur les rivages
J'ai dit ton nom
et ton souvenir est un fleuve
qui inonde les herbages
arrose l'ardente soif des étangs
J'ai dit ton nom
toi, destin de l'étranger
Dans l'arène des privations
toi, fil de lumière vers moi tendu
en flammes traversant l'horizon
retirant le linceul des ténèbres
Étranger
Mon exil est ma fatigue
avortement, départ
sans retour
Étranger
il a vécu attendant le train
sur le pas de sa porte
Étranger
et cette fumée
et notre nuit et l'insomnie sur les paupières
le tumulte des désirs
Engloutis, paralysés par les visions de torture
dévorés par les pirates
Puis les vagues succédant aux vagues
les lanternes blafardes
le brouillard lourd, persistant, ironique auprès des cavernes
Un astre absurde
des objets colorés, dispersés
contraires à leur nature
Je pars à la dérive
le déluge me ramène à moi
la cendre me jette sur des miroirs de tristesse
le bourreau est ivre de sa chasse
et sourit aux victimes qui défilent sur les trottoirs du passé
parmi les ronces de la honte
sous les carcasses des corbeaux
des victimes qui se hâtent vers le non-retour
Étranger
sur les fleuves du soir voguant sans barque
Jusqu'au fond plonge le prisonnier
Le soleil perce derrière son voile
regarde et disparaît
La clarté s'évanouit
le voile se résorbe
À ses oreilles
le bavardage des égarés
ralentit, reflue
dans l'obscurité de l'océan
Pas de flûte en ses mains
pas de luth ni de cithare
Les vents murmurent-ils
sous le souffle des ombres de l'exil ?
Étranger
il mâche la braise
il pousse son cheval vers les sources des douleurs
des soupirs
les grand'places refoulent sa monture
Il a soif. Le mirage est son eau
Les gémissements sa nourriture
Il vit comme si la folie de la chaleur lui était fraternelle
et le désespoir le seul pont qui mène aux oasis
La paix l'a quitté
il s'est égaré dans les hauteurs de la ville
lassé de trop de patience
La tempête a soufflé sa tente
dans ses yeux embrumés
les nuages ont voilé les versants des montagnes
et les forêts se sont brouillées
Et toi
toi, murmure des âges
flot des chants
j'ai dit ton nom, j'ai forcé ton écho
Les murs ont volé autour de moi
J'ai dit ton nom
rêvé de tragédie et de mort
Au portail des douleurs
J'ai dit ton nom
en ma soif d'aube
de pluie
d'amitié
échoué sur les rivages
J'ai dit ton nom
et ton souvenir est un fleuve
qui inonde les herbages
arrose l'ardente soif des étangs
J'ai dit ton nom
toi, destin de l'étranger
Dans l'arène des privations
toi, fil de lumière vers moi tendu
en flammes traversant l'horizon
retirant le linceul des ténèbres
Étranger
Mon exil est ma fatigue
avortement, départ
sans retour
Étranger
il a vécu attendant le train
sur le pas de sa porte