mardi 19 avril 2011

Reiner Kunze

Silberdistel
Sich zurückhalten
an der erde

Keinen schatten werfen
auf andere

Im schatten
der anderen
leuchten

in Ein tag auf dieser erde (1998)





Chardon argenté
S'en tenir
à la terre

Ne pas jeter d'ombres
sur d'autres

Être
dans l'ombre des autres
une clarté

in Un jour sur cette terre
traduit par Mireille Gansel
2001, Cheyne éditeur


Deux autres poèmes de ce poète d'origine est-allemande, traducteur de Holan et héritier de Peter Huchel, de trente ans son aîné, ici.

Sur Huchel, Kunze et le travail de Mireille Gansel, voir ici.






En parlant de chardons et de Huchel :





Unter der Wurzel der Distel


Unter der Wurzel der Distel
Wohnt nun die Sprache,
Nicht abgewandt,
Im steinigen Grund.
Ein Riegel fürs Feuer
War sie immer.


Leg deine Hand
Auf diesen Felsen.
Es zittert die starre
Geäst der Metalle.
Ausgeräumt ist aber
Der Sommer,
Verstrichen die Frist.


Es stellen
Die Schatten im Unterholz
Ihr Fangnetz auf.

in Chauseen (1963)





Sous la racine du chardon

Sous la racine du chardon
Habite maintenant la langue,
Non écartée,
Dans le sol pierreux.
Elle a toujours été
Un verrou pour le feu.
Mets ta main
Sur ces rochers.
Le branchage glaçé du métal
Tremble.
Cependant, l'été 
Est vidé,
Le délai, aspiré.

Les ombres 
Posent les filets
Dans les sous-bois.

in Peter Huchel
La tristesse est inhabitable
traduit par Emmanuel Moses
Orphée/La Différence



La différence de ton entre Huchel et Kunze éclate dans ces deux poèmes : Kunze a hérité de l'acuité du regard et de la précision discrète de Huchel mais sans la lassitude inquiète, l'arrière-plan toujours sombre, l'omniprésence des teintes crépusculaires (caractéristique du  dernier Huchel, l'après-guerre et surtout les poèmes d'exil, mais ce ton perce déjà avant-guerre).