mardi 26 avril 2011

Les échos du silence -- Sylvie Germain


Et, comme le fou criant à Lear chassé par sa fille : "M'n'oncle Lear, m'n'oncle Lear, attends-moi / emmène ta folie !" (Acte 1, sc. 4), c'est ce qu'il convient de dire au fond de soi à ce Dieu de silence et de dépouillement qui erre à travers toute la terre, se blesse au tranchant des jours sombres de l'Histoire, qui va on ne sait où : "Attends-nous, emmène ta folie!"

Tous les justes, les martyrs, les transparents que sont les humbles ardés de sainteté, n'ont jamais dit autre chose : - Attends-nous, emmène tes folles et tes fous sur la trace de tes pas invisibles essaimés dans l'épaisseur du temps comme autant de caresses.

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"Vint, vint.
Vint une parole, vint,
vint à travers la nuit,
voulut luire,voulut luire."

Et quand bien même la parole resterait à jamais enfouie dans la nuit, ne parviendrait pas à luire, le fait de l'avoir attendue, d'avoir profondément désiré son surgissement, son bruissement, suffit déjà à éclairer cette nuit noire, - d'un halo minuscule, soit, mais porteur d'espérance.



(in Sylvie Germain, Les échos du silence, Desclée de Brouwer (1996))


Józef Szajna (qui ça ?)
(Rzeszów 1922 - Warszawa 2008)
Replika (photo de plateau)


Un livre qui tisse très serré Job, Celan, Simone Weil et Shakespeare ; le livre qui me fit découvrir Etty Hillesum (Une vie bouleversée, Journal 1941-1943, Seuil (1985)).

En écho à l'extrait ci-dessus, à cette image du Dieu-Lear aveuglé et errant, il faudrait retrouver certains poèmes de Jacob Glatstein (Yankev Glatshteyn ; né à Lublin en 1896 (de mémoire  "Au mont Sinaï, nous avons reçu la Torah / A Lublin, nous l'avons rendue." ... à Lublin, comprendre à Majdanek), sa famille émigre aux Etats-Unis en 1914 ; il meurt à New York en 1971).


06/05/2011

Retrouvé !
 Mais que faisait ce livre entre Ariel (Sylvia Plath) et sa traduction polonaise, là, mystère !