mercredi 18 mai 2011

Fukushima : le lampiste enfin démasqué !


On avait failli attendre ... mais tout vient à point : on a trouvé le lampiste.

Mix & Remix (source)



Amusante la façon qu'a Le Monde, quotidien de "référence" dont les articles sont le signe irréfutable de la perte des repères, de répéter ce qu'on (apparemment l'AFP citant Tepco) lui dit. 

Amusante ... si le contexte ne prêtait guère à rire :




Fukushima : Tepco évoque la piste d'une erreur humaine sur le réacteur 1

La fusion du cœur du réacteur 1 de la centrale de Fukushima, au Japon, pourrait avoir été causée par une erreur humaine, révèle mercredi 18 mai le Japan Times. Le quotidien se fonde sur des documents internes de la compagnie d'électricité Tokyo Electric Power Co. (Tepco), opérateur de la centrale nucléaire accidentée, qui remettent en cause de précédentes conclusions du gouvernement japonais.
Grâce à de nouvelles mesures, l'opérateur s'était récemment rendu compte que le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergé durant plusieurs heures après l'anéantissement des systèmes de refroidissement par le tsunami. Causé par un séisme de magnitude 9, la vague géante qui a touché le nord-est du Japon le 11 mars a déclenché le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl, il y a vingt-cinq ans. 
"Le système de refroidissement d'urgence du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Fukushima 1 a probablement été fermé manuellement avant que le tsunami ne touche [le Japon] le 11 mars", indique le quotidien. "Une partie du système de refroidissement, connu comme étant le condensateur d'isolation, était à l'arrêt pendant trois heures, ce qui a pu contribuer à la fusion du cœur du réacteur", précise le Japan Times.
Selon les documents internes et les données rendus publics lundi par Tepco, le plus grand fournisseur d'électricité du Japon, le condensateur d'isolation pourrait avoir été fermé manuellement vers 15 heures, le 11 mars, soit peu de temps après que les effets du séisme se furent fait sentir, à 14 h 56. Le tsunami a frappé la centrale vers 15 h 30. Le condensateur d'isolation est conçu pour injecter de l'eau dans le réacteur pendant les huit heures qui suivent une coupure d'électricité affectant le principal système de refroidissement.
"Il est possible qu'un ouvrier ait fermé manuellement la valve [du condensateur d'isolation] pour empêcher une chute brutale de température, comme cela est stipulé dans le manuel d'opération", a confirmé un porte-parole de la société Tepco, Hajime Motojuku, au Japan Times.

Le porte-parole du gouvernement japonais, Yukio Edano, a réagi mardi à ces révélations lors d'une conférence de presse après en avoir eu vent "par voie de presse". "Nous avons demandé à l'agence gouvernementale de sûreté industrielle et nucléaire [NISA, qui gère les opérateurs de centrales nucléaires] et à d'autres organismes de fournir des analyses et des rapports détaillés" à ce sujet, a-t-il déclaré. La NISA a exhorté mardi l'entreprise Tepco à lui fournir une explication détaillée d'ici au 23 mai.
(...)



"Save our earth from nuclear pollution"
affiche de Hasegawa Yukata



Relisons : l'employé qui aurait ("il est possible qu(e)") fermé cette vanne "comme cela est stipulé dans le manuel d'opération" (lequel manuel est l'équivalent dans une centrale de la Bible en pays Amish et pas une vulgaire version de l'almanach Vermot) aurait donc commis une erreur ?

Relisons, relisons ... oui, c'est bien cela, c'est ce qu'il faut comprendre, sans aucun doute.

Donc, suivre le manuel d'opération est une erreur humaine. Voilà qui ouvre enfin la voie à une gestion créative des opérations !

Et s'il fallait à l'employé en question un don de prescience suffisant pour anticiper que cette fermeture (coupant un système de refroidissement passif) entrainerait quelques heures plus tard des problèmes insolubles suite au tsunami qui allait mettre hors service l'ensemble de l'alimentation électrique et par là le système refroidissement actif du cœur, cela augure mal des niveaux de recrutement dans le nucléaire ...

Le manuel d'opération stipulerait-il qu'en cas de tsunami, il est impératif de rouvrir la vanne ? Ou du moins qu'en cas de perte totale du système de refroidissement il était impératif de rouvrir cette vanne si par extraordinaire elle avait été fermée auparavant ? Il n'y a qu'à ce genre de conditions qu'une "erreur humaine" pourrait être invoquée.

Sauf que les manuels, même complets et bien conçus, ne peuvent maîtriser la combinatoire des dépendances sur des systèmes aussi complexes dans des conditions extrêmes (mais pas imprévisibles).


- Que pourrait-il arriver de pire maintenant ?
- Que les autres n'en tirent aucune leçon.
Schneider (source)