Pas trop envie de m'attarder sur ce que produisent concrètement les marchés quand ils se soulagent ; d'autres s'en chargent avec enthousiasme puisque c'est leur fond de commerce.
Et puisqu'apparemment les marchés exultent au spectacle de leur propre production, on se contentera de murmurer :
Hymne à voix basse
L'Hellade, c'est le rivage dévoyé d'une mer géniale d'où s'élancèrent à l'aurore le souffle de la connaissance et le magnétisme de l'intelligence, gonflant d'égale fertilité des pouvoirs qui semblèrent perpétuels ; c'est, plus loin, une mappemonde d'étranges montagnes : une chaîne de volcans sourit à la magie des héros, à la tendresse serpentine des déesses, guide le vol nuptial de l'homme, libre enfin de se savoir et de périr oiseau ; c'est la réponse à tout, même à l'usure de la naissance, même aux détours du labyrinthe. Mais ce sol massif fait du diamant de la lumière et de la neige, cette terre imputrescible sous les pieds de son peuple victorieux de la mort mais mortel par évidence de pureté, une raison étrangère tente de châtier sa perfection, croit couvrir le balbutiement de ses épis.
Ô Grèce, miroir et corps trois fois martyrs, t'imaginer c'est te rétablir. Tes guérisseurs sont dans ton peuple et ta santé est dans ton droit. Ton sang incalculable, je l'appelle, le seul vivant pour qui la liberté a cessé d'être maladive, qui me brise la bouche, lui du silence et moi du cri.
René Char, in Le poème pulvérisé (1947)
Le poème date sans doute de 1941, invasion de la Grèce par les puissances de l'Axe (avril 1941) ; et puis, coïncidence, hier c'était l'anniversaire de la fin du "régime des colonels" (23 juillet 1974).Pour fêter cela, Nikos Xylouris !