dimanche 6 décembre 2009

Ma fille -- Tadeusz Różewicz


La prose de Różewicz enfin accessible au lecteur francophone : Moja córeczka (1964 ou 1966 ?) est sorti début septembre, aux éditions Circé, traduction de Lydia Waleryszak.

On ne s'étonnera pas du retard ; en Pologne même, Różewicz est bien plus connu comme poète et dramaturge que comme prosateur ! Ce sont pourtant les mêmes qualités qu'il exprime en prose : un voix rauque, d'une simplicité et d'un dépouillement d'apparence presque gauche, qui masque jusqu'au dernier moment des arêtes rêches, des échardes acérées, des fenêtres qui s'ouvrent sur le vide.




Le même visage


le visage du poète
est ouvert plein de silence

toujours le même visage
et pourtant tout à fait autre

du mur
me regarde
un masque

d’un œil
dur
et vide

(in Regio et autres poèmes, traduit par Christophe Jezewski et Claude-Henry du Bord, Arfuyen)


Twarz ta sama


twarz poety
otwarta pełna ciszy

twarz ta sama
i zupełnie inna

ze ściany
patrzy na
mnie maska

twardym
pustym
okiem.


(Regio, 1969)



Sans même lire le polonais, on peut admirer les allitérations, les assonances et les rimes. Peu de pièges : le polonais, à la différence du français, cela se prononce comme cela s'écrit et réciproquement !


Bien très bien ; ce serait tout de même gentil des éditeurs français de s'acheter un jeu de polices internationales pour ne pas écorcher systématiquement les noms de ceux à qui, par ailleurs, ils rendent hommage : Różewicz, ce n'est pas Rozewicz, de même que Nałkowska, ce n'est pas Nalkowska !



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