Juste histoire de rappeler la qualité du programme ... un exemple, repris ici.
Sur l'origine et les objectifs de cette Université Ouverte, voir ici, dont est extrait ce qui suit :
Antonella Corsani :
D’abord un mot sur le terme d’Université ouverte. Cette idée de créer une université en dehors du cadre de l’université telle qu’elle se fait et qu’elle se veut comme lieu de production du savoir légitime, n’est pas nouvelle, il y a d’autres expériences en Italie, en Espagne, avec l’Université Nomade par exemple.
Quand nous avons discuté de cette initiative, le terme « ouvert » était très important. Ce terme comporte une référence à un mouvement de chercheurs plus minoritaire que le mouvement « Sauvons la recherche » largement relayé par les médias, celui qui s’est appelé « Ouvrons la recherche ». Dans ce mouvement, il ne s’agissait pas de « sauver la recherche » mais de se questionner sur la production des savoirs aujourd’hui, comment faire de la recherche ?,ce qui veut dire aussi qu’il n’y a pas de détenteurs du savoir mais des savoirs qui coagissent, se rencontrent et produisent un nouveau savoir né de cette interaction. Dans ce groupe « Ouvrons la recherche », il s’agissait de demander qui est concerné par la recherche ? et quel savoir peuvent apporter ceux qui sont concernés par cette recherche ? Comment décide t-on ?
L’idée d’ouverture c’est aussi l’idée de poursuivre quelque chose en continuité avec l’histoire de la Coordination des intermittents et précaires qui est et a été un lieu de production de savoirs dès juillet 2003 puis entre autres avec une enquête socio-économique de l’intermittence. L’université ouverte est donc une manière de repenser cela, d’essayer de voir comment on peut coproduire à partir d’une expérience qui cette fois ne se fait pas à partir d’une enquête mais d’une interrogation collective, et comment différentes approches peuvent apporter de nouveaux éclairages. Imaginer un espace de coproduction de savoir, et non pas de transfert de savoir ; un lieu où les savoirs sont élaborés par les concernés, et non pas comme ce qui est formalisé dans les lieux institués du savoir.
(...)
Deuxième chose, pour présenter cette université pourquoi avoir dit, dans un premier temps, « Nous avons lu le néolibéralisme » ? Il y avait certainement un désir de partager une lecture. Nous avons chacun des connaissances différentes et des manières différentes de lire Michel Foucault mais peut-être le cours « Naissance de la biopolitique » - et chacun de nous aura un angle de lecture différent à vous proposer – permet-il de déplacer les questions qu’on se pose et qu’on s’est posées ici. Il ne s’agit pas en effet aujourd’hui de restituer ce qu’il y a dans ce livre mais d’en saisir quelques points.
Maurizio Lazzarato :
Pour que ce travail soit un travail de coproduction il ne s’agirait pas tant de mettre au centre de cette rencontre la question de ce qu’est le libéralisme mais plutôt de ce qu’est un conflit dans le libéralisme, c’est à dire le conflit des intermittents, comment il a été mené et pourquoi. Pour moi, le conflit des intermittents est exemplaire et il faudrait articuler autour des dynamiques du conflit les interrogations qu’on se pose pour élucider certains aspects. Je suis convaincu que le conflit est production de savoir, production de problèmes et de dispositifs pour essayer de résoudre les problèmes. Pour nous aider à penser on peut convoquer Foucault mais pas seulement, je tiens à ce que ce ne soit pas un séminaire sur Foucault.
Valérie Magrange :
L’idée de l’université ouverte c’est faire laboratoire à partir d’un champ d’expériences, de lutte, de production de savoirs et de voir effectivement ce que cela produit comme connaissances y compris pour les autres, pour d’autres luttes. Et de le refaire à partir d’outils qui nous sont proposés par des gens qui ont travaillé ce genre d’outils et qui effectivement ne sont pas forcément des théoriciens, Foucault n’est pas vraiment un théoricien.