Dreizehnter Feber. Im Herzmund
erwachtes Schibboleth. Mit dir,
Peuple
de Paris. No pasarán.
Schäfchen zur Linken : er, Abadias,
der Greis aus Huesca, kam mir den Hunden
über das Feld, im Exil
stand weiss eine Wolke
menschlichen Adels, er sprach
uns das Wort in die Hand, das wir brauchten, es war
Hirten-Spanisch, darin
im Eislicht des Kreuzers "Aurora" :
die Bruderhand, winkend mit der
von den wortgrossen Augen
genommenen Binde -- Petropolis, der
Unvergessenen Wanderstadt lag
auch dir toskanisch zu Herzen.
Friede den Hütten !
in Die Niemandsrose
Fischer Verlag, Frankfurt, 1963
Tout en un
Treize février. Dans la bouche du cœur
s'éveille un schibboleth. Avec toi,
Peuple
de Paris. No pasarán.
Petit mouton à gauche : lui, Abadias,
le vieillard de Huesca, venait avec des chiens
à travers champs, dans l'exil
se tenait, blanc, un nuage
de noblesse humaine, il nous dit
dans la main le mot qu'il nous fallait, c'était
de l'espagnol de berger, en lui,
dans la lumière de gel du croiseur "Aurore" :
la main de frère, faisant signe
avec le bandeau retiré
des yeux grands comme le mot - Pétropolis,
cité nomade des inoubliés, était
pour toi aussi toscane, à coeur.
Paix aux chaumières !
traduction de Martine Broda
in La rose de personne
Le Nouveau Commerce, 1979
Le jumeau du poème précédent.
Est-ce moi seulement, ou peut-on bien entendre quelque chose de presque sardonique dans ces "Hütten" ... comme l'écho d'une certaine "Hütte" à Todtnauberg ? En plus, bien sûr, du raccourci du slogan révolutionnaire "Krieg den Palästen, Friede den Hütten".
Treize février 1934 à Paris, treize février 1934 à Vienne ("Feber", du viennois pour "Februar" : dans le poème précédent qui fait explicitement référence à Vienne, Celan utilise "Februar" ; doubles-fonds, toujours) ... Et de In Eins le furet revient vers Schibboleth : sous le signe du 13 février, je préfère souviens-toi du sombre / rougeoiement jumelé / de Vienne et Madrid (JP Wilhelm) à songe à la sombre aurore jumelle / à Vienne et Madrid (JP Lefebvre) ; nulle aurore, ici.