Les relations maître-disciples dans l'enseignement musical de l'Inde ont donné lieu à quantités de belles légendes.
Contre l'avis de son lutteur de père, un jeune garçon devient un virtuose de la flute et connaît le succès à la Cour. Pourtant, dans cette atmosphère trop encline au clinquant, son art s'étiole et alors qu'il est au sommet de sa célébrité, le flutiste décide de revenir sur la voie de la rigueur et recherche l'enseignement d'une grande dame, austère légende du surbahar et héritière d'une très haute tradition, qui ne dispense son enseignement qu'à des disciples triés sur le volet. Le flutiste essuie refus sur refus : sa célébrité, le dévoiement de sa musique qu'il a trop longtemps toléré ne sont pas pour plaire à la dame. Il ne se décourage pas pour autant et pour la convaincre de la pureté de ses intentions, il fait la proposition suivante : si elle accepte de le prendre pour disciple, il reprendra en totalité l'étude de la flute et pour assurer qu'il repartira bien d'un terrain vierge sous sa direction; lui, droitier, s'engage à ne plus jouer qu'en gaucher. Cette dernière promesse sera la bonne et le flutiste put devenir un des rares disciples de la dame.
Belle légende ? Pas seulement car l'histoire est (peut-être) vraie : remplacez seulement la Cour par les studios du Bollywood des années 50 et rendez leurs noms à Hariprasad Chaurasia et Annapurna Devi.
L'histoire ajoute même que Chaurasia enseignera à son tour à Devi ... la conduite automobile !
Sur le "mystère" Annapurna Devi, héritière recluse de la Maihar-Senia Gharana, virtuose du surbahar, fille de Allauddin Khan, sœur de Ali Akbar Khan, épouse de Ravi Shankar dont elle divorcera, quelques éléments ici, ici et là ; à écouter ici et là ... .