mercredi 5 janvier 2011

Absens -- Marlena Braester


 


Un seul poème comme un alphabet poétique en 24 stations qui se replie douloureusement sur lui-même.
Disponible aux éditions Caractères ou ici (en ayant la patience de le recomposer lettre après lettre).



A (Seul le blanc résiste au noir)
 
Et pourtant il disait quelque chose.
Il parlait. On se parlait. Ses mots étaient de plus
en plus rares.
Il parle. La nuit tombe d'un mot à l'autre, de
syllabe en syllabe.
Il voit les objets. les couleurs disparaître,
s'écouler dans leurs ombres. Il les regarde
s'effacer, il les regarde de plus en plus
intensément.
Seul le blanc résiste au noir.
Qui s'amasse.
Jusqu'où


(...)

X (Et le blanc qui ne se laisse pas engloutir)
 
Je regarde les objets et leurs couleurs s'effacer.
Pendant longtemps, les nuits ont fait ce travail,
travail sur sa présence se retirant de tous les
objets.
Les objets le quittent, il quitte les objets. La
lumière quitte les couleurs, chaque nuit. Les yeux
brûlent l'image du mur. Le mur devient flamme.
Les ombres rongent dans les coins de la chambre.
Et le blanc qui ne se laisse pas engloutir résiste
encore au noir.
Qui s'amasse.
Jusqu'où

Z (Fin)

- Je n'ai rien dit