samedi 15 janvier 2011

Todtnauberg -- Paul Celan

 
Poème extrait de Lichtzwang, avec sa traduction anglaise par Pierre Joris :


TODTNAUBERG

Arnika, Augentrost, der
Trunk aus dem Brunnen mit dem
Sternwürfel drauf,

in der
Hütte,

die in das Buch
- wessen Namen nahms auf
vor dem meinen? -
die in dies Buch
geschriebene Zeile von
einer Hoffnung, heute,
auf eines Denkenden
kommendes
Wort
im Herzen,

Waldwasen, uneingeebnet,
Orchis und Orchis, einzeln,

Krudes, später, im Fahren
deutlich,

der uns fährt, der Mensch,
der's mit anhört,

die halb-
beschrittenen Knüppel-
pfade im Hochmoor,

Feuchtes,  
viel.





TODTNAUBERG

Arnica, eyebright, the
draft from the well with the
star-die on top,

in the
Hütte,

written in the book
- whose name did it record
before mine - ?
in this book
the line about
a hope, today,
for a thinker's
word
to come,
in the heart,

forest sward, unleveled,
orchis and orchis, singly,

crudeness, later, while driving,
clearly,

he who drives us, the man,
he who also hears it,

the half-
trod log-
trails on the highmoor,

humidity,
much.

 



Pierre Joris argumente ses choix de traducteur ici ; un régal. J'ai toujours un peu peur que ce lien disparaisse ...
De Pierre Joris, on peut aussi lire ce bel entretien. Son blog est ici.

Pour mémoire, la traduction de Bertrand Badiou et Jean-Claude Rambach (in Contrainte de Lumière, Belin 1989) :


TODTNAUBERG

Arnica, délice-des-yeux, la
gorgée à la fontaine avec le
dé en étoile dessus,

dans la
Hutte,

elle, dans le livre
- de qui a-t-il recueilli le nom
avant le mien ? -
elle, écrite dans ce livre,
la ligne d'un
espoir, aujourd'hui,
en un mot
d'un pensant
à venir
au cœur,

humus forestier, non aplani,
des orchis et des orchis, isolés,

des choses crues, plus tard, en route,
distinctement,

celui qui nous conduit, l'homme
qui les entend aussi,

à moitié
parcourus, les sentiers
de gourdins dans la haute fagne,

des choses humides,
beaucoup.