Devant les sifflements de l'âtre, transi sous ta houppelande à fleurs, tu regardes onduler les nageoires douces de la flamme. -- Mais un craquement fissure l'ombre chantante : c'est ton arc, à son clou, qui éclate. Et il s'ouvre tout au long de sa fibre secrète, comme la gousse morte aux mains de l'arbre guerrier.
(extrait de la section Images à Crusoé de Éloges, in Éloges suivi de La Gloire des rois, Anabase, Exil, Poésie/Gallimard)
Seuls quelques poèmes de Saint-John Perse me retiennent de me séparer de ses recueils et de ce lyrisme amphigourique qui m'est à ce point étranger que je suis toujours surpris de me trouver son contemporain.
Celui-ci en fait partie, ne serait-ce que pour le pouvoir de révélation de ces "nageoires douces de la flamme" qui, en une seconde, changent pour toujours la façon de percevoir le feu, en dévoilent une nouvelle facette.
Et bien des poètes peuvent envier la richesse et la qualité de ce site consacré à Saint-John Perse !