mercredi 16 novembre 2011

Landschaft -- Paul Celan


Ihr hohen Pappeln - Menschen dieser Erde !
Ihr schwarzen Teiche Glücks - ihr spiegelte sie zu Tode !
Ich sah Dich, Schwester, stehn in diesem Glanze.


Paysage
 
Vous, grands peupliers - hommes de cette Terre !
Vous, noirs étangs du bonheur - vous les avez reflétés jusque dans la mort !
Je t'ai vue, ma Sœur, te dresser dans cet éclat.



in Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire), 1952


Le premier vers donne une clé (Pappel > populus > peuple) pour la lecture de Ich hörte sagen, le poème qui ouvre Von Schwelle zu Schwelle (De seuil en seuil), le recueil suivant (1955) dont le dernier vers est :


Und sah meine Pappel nicht mehr.
Et je n'ai plus vu mon peuplier.



Pour un commentaire lumineux de ces deux poèmes, voir Le méridien de la modernité - entre Rilke et Celan, in Le cœur / La mort - De l'ana-chronisme de l'être de Yazuo Kobayashi (UTCP, 2007).

(La traduction proposée ci-dessus de Landschaft repose en grande partie sur ce commentaire, surtout - bizarrement ! - là où elle diffère de celle donnée par Kobayashi dans son article.)