Un jour Abou Saïd entra dans un moulin
et, voyant de la meule la rotation ardente,
Il resta un moment la contemplant
puis à ses disciples il confia ses pensées :
"Cette meule, dit-il, est un bon professeur ;
si le profane est incapable de l'entendre,
Elle vient de me dire, à moi, dans son langage :
Regarde tu peux voir en moi le vrai soufi.
Si tu sais t'efforcer sur le chemin mystique,
tu n'auras pas besoin d'autre maître que moi.
Voyageant jour et nuit sans arrêt sur moi-même,
je marche et cependant mon pied reste immobile.
Je me meux sans pourtant me mouvoir,
et je vais de ma tête à mon pied, de mon pied à ma tête.
Et ce que je reçois de tous est rude et dur,
et ce que je donne à chacun est tendre et doux.
Et l'on pourrait bien voir crouler tout l'univers,
cette ronde éperdue est mon unique affaire."
in Anthologie de la poésie persane (XIème-XXème siècle), textes choisis par Z. Safâ, traduits par G. Lazard, R. Lescot et H. Massé, Connaissance de l'Orient, Gallimard Unesco, 1964)
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