lundi 16 novembre 2009

Lèvres persanes


Ma lèvre aux lèvres de la cruche a dit tout bas :
Pourrais-tu m'obtenir plus de jours ici-bas ?
Ses lèvres en secret ont averti ma lèvre :
Bois du vin : en ces lieux tu ne reviendras pas.

Omar Khayam (1050 (?) - 1123), traduit par MF Farzaneh et J Malaparte, in Sadegh Hedayat, Les Chants d'Omar Khayam, édition critique (José Corti). Un livre très intéressant qui s'attaque sans détour à la lecture "soufie" (au sens "new age", très "cotonneux" pour ne pas dire informe, que la critique littéraire occidentale peut donner de ce terme !) de Khayam.


Ayant bu des mers entières nous restons tout étonnés
Que nos lèvres soient encore aussi sèches que des plages
Et partout cherchons la mer pour les y tremper sans voir
Que nos lèvres sont des plages et que nous sommes la mer.

Farid Al-Din Attar (1142(?) - 1220)





Une autre traduction, très différente, du même (?) quatrain de Khayam :


Posant ma levres aux levres de la cruche, avidement,
J'ai demandé s'il se pouvait longue vie, et comment.
Elle a chuchoté, lèvre à lèvre, en confidence:
Je fus comme toi vie, sois mon ami pour un instant.

traduit par Gilbert Lazard


et encore une autre, en prose de Franz Toussaint

Las d’interroger vainement les hommes et les livres, j’ai voulu questionner l’urne. J’ai posé mes lèvres sur ses lèvres, et j’ai murmuré: « Quand je serai mort, où irai-je ? » , Elle m’a répondu: « Bois à ma bouche. Bois longtemps. Tu ne reviendras jamais ici-bas. »

La traduction de Franz Toussaint (1924) des quatrains est disponible en ligne, Robaiyat.

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