dimanche 22 novembre 2009

108 poèmes -- Han Shan


Mon livre de chevet (apparemment réédité sous le titre Merveilleux le chemin de Han Shan), avec Le plein du vide (poèmes de Wang Wei), L'immortel banni - Buvant seul sous la lune (poèmes de Li Po) et Dieux et diables pleurent (poèmes de Tu Fu ; apparemment réédité sous le titre Une mouette entre ciel et terre). Disponibles aux éditions Mondarren, tous les quatre, traductions par Hervé Collet et Cheng Wing fun.



jeune, avec la bêche j'emportais les classiques
je dus quitter la maison de mon frère aîné
à cause de racontars
même ma femme s'éloigna de moi
adieu, j'abandonnai ce monde de poussière rouge
je voyage alors beaucoup, aime les livres
qui ? pour prêter une mesure d'eau,
pour faire vivre le poisson dans l'ornière



les gens demandent le chemin de Han Shan
Han Shan, nulle route ne traverse
l'été, la glace ne fond pas
le soleil se lève, se noie dans le brouillard
comment y parvenir, comme moi,
si votre coeur n'est pas pareil au mien ?
votre coeur, supposons le pareil au mien
vous êtes alors en plein dedans



Habitant les montagnes
nul ne me connaît
dans les nuages blancs
tout le temps silencieux, silencieux



On trouve aussi dans ce volume deux poèmes de Feng k'an (Seng Can), troisième patriarche du ch'an, qui résumait ainsi lapidairement l'enseignement du bouddha : "suivre le temps".


Fondamentalement, nulle chose
nulle poussière à balayer
si on comprend ça,
plus besoin de rester assis, rigide, rigide




A propos de ch'an, Hui Neng, le sixième patriarche ; il est le grand maître de l'école du sud. C'est en entendant le Sutra du Diamant, qu'il eut la révélation de sa voie. Il se rendit auprès de Hong Ren, le 5e patriarche, qui lui donna un emploi aux cuisines. Plus tard, pour désigner son successeur, il propose un test. Les candidats à sa succession devront rédiger une stance montrant leur parfaite compréhension du Dharma.

Le premier disciple, Shen Xiu, propose :

Le corps est l'arbre de la bodhi
L'esprit est le support du miroir brillant
Sans cesse il faut l'essuyer
Afin que la poussière du monde ne s'y dépose pas

A quoi Hui Neng répondit :

La bodhi n'a jamais d'arbre
Le miroir brillant non plus n'a pas de support
Depuis l'origine pas une chose n'existe
Où la poussière du monde se dépose-t-elle ?

Comme quoi, de patriarche en patriarche, la thématique du "ménage permanent" ne fait guère recette ! On peut voir dans ces deux stances les grandes lignes du célèbre débat entre les partisans d'une échelle progressive vers l'éveil et ceux d'un éveil subit et immédiat .

Par la suite, Hui Neng formulera ainsi sa compréhension :

Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement est pure et calme
Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement est sans naissance ni destruction
Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement est complète
Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement est sans agitation
Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement produit les dix mille phénomènes.



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