Voici trois de ses poèmes-anagrammes, traduits par Ruth Henry et Robert Valançay :
HINTER DIESER REINEN STIRNE
Hinter dieser reinen Stirne
redet ein Herr, reist ein Sinn,
irrt ein Stern in seine Herde,
rennt ein seid’ner Stier. Hier
der Reiter Hintersinn, seine
Nester hinter Indien — Irr-see —
Irr-Sinn, heiter sein — Ente der
drei Tinten-Herrn — reisen sie
— ein Hindernis ! Retter seiner
Dinten-Herrn — ist es eine Irre ?
DERRIERE CE FRONT PUR
Derrière ce front pur
Un monsieur parle, une idée voyage,
une étoile s’égare dans son troupeau,
un taureau de soie s’élance.
Voici le cavalier Réticence,
ses nids sont derrière les Indes.
Mer en folie — Folle idée.
Serein — Le canard des trois seigneurs de l’Encre.
Ils voyagent — des traverses ! —
Sauveteur des seigneurs de l’Encre —
Est-ce une folle ?
*
DER GEIST AUS DER FLASCHE.
Steig’ aus der Flasche ! Der
siegt, der aus der Flasche
als die Feder gruesst. Ach —
See-Adler, Frische, Du Tag !
Der Geist aus der Flasche
fragt Dich aus. Der es lese,
schaurig der Edle, fasste
Dich Graus. Fels der Aeste
sag’, es rauscht. Die Felder,
als sich das Feuer regte,
lag Erde, Frische des Tau’s.
Durst als Gefieder, Asche
aus Glas, fischte der Erde
Gift. Rasch’le, rede aus des
Fasses guter Lach’, die der
Drude Leiche frass, sagte
der Geist aus der Flasche.
Sag’ es aus der Feder Licht,
Tag der Schauder fliesse.
Lese das Gesicht der Frau.
Aus der Flasche steig’ der
Tau. Ed’le Grasfrische des
Flusses, ach, der Tage drei.
Es rauscht das Gefieder,
der Schlaf ist aus. Gerede
der Flasche steig’ aus der
Figur. Rede sachte als des
Geistes Rauch, da der Fels
Des Auges Adel erfrischt.
Ich grüsse das Alte : Feder,
Falter, Scheide des Grau’s.
Sag’ es der Frau : Lichte des
Teufels, dass sich der Arge —
der Geist aus der Flasche —
die Fresse drausgelacht.
L’ESPRIT HORS DE LA BOUTEILLE.
Sors de la bouteille !
Il vaincra celui qui hors de la bouteille
Salue comme une plume. Ah !
Grand aigle de mer, fraîcheur, ô Toi jour !
L’esprit sorti de la bouteille
t’interroge. Qu’il lise cela,
terrifiant le noble, l’horreur t’a saisie.
Rocher des branches, dis, cela bruit.
Les champs — quand le feu bougea
resta la terre. Fraîcheur de la rosée.
La soif : plumage. Cendre
de verre pêchait le poison
de la terre. Qu’elle crépite, qu’elle parle
par la bonne flaque du tonneau
celle qui dévora la dépouille de la druidesse
déclara l’esprit de la bouteille.
Dis-le par la lumière de la plume.
Ecoule-toi jour de frissons.
Lis le visage de la femme.
Sors donc de la bouteille, rosée
Noble fraîcheur d’herbe
montant de la rivière.
Hélas ! Trois jours, trois
Il bruit le plumage.
Fini le sommeil. Le discours
de la bouteille monte du personnage.
Parle doucement comme la fumée de l’esprit
puisque le rocher rafraîchit la noblesse de l’œil.
Je salue le passé : Plume
Papillon, partage des gris.
Dis-le à la femme : Lumière du diable
pour que l’esprit malin sorti de la bouteille
en crève de rire.
*
DIE SELTSAMEN ABENTEUER DES HERRN K.
Es ist kalt. Raben reden um den See. Reh
und Amsel trinken Tee. Rabe, Seher des
Unheils am Abend. Erste Sterne. Rede, K. !
Die ernste Unke Starb sehr elend am
Hik. Nebenan redete der Esel’s-Traum. Es
blutete die Nase des armen Herrn K. See,
dunkler See der Raben. Atmen heisst
Leben, heisst rankendes Traeumen der
seltsamen Abenteuer. Die des Herrn K. ?
LES ETRANGES AVENTURES DE MONSIEUR K.
Il fait froid. Des corbeaux parlent autour du lac.
Biche et merle prennent le thé. Corbeau,
Prophète de malheur dans le soir. Premières étoiles. Parle, K. !
Le crapaud grave est mort très misérablement au Hik.
Tout à côté le rêve de l’âne parlait.
Le nez du pauvre monsieur K. saignait
Lac, sombre lac des corbeaux. Respirer
veut dire vivre, veut dire que le rêve
des étranges aventures s’épanouit en vrilles.
Aventures. Celles de monsieur K. ?
Unica Zürn écrivit deux recueils de poèmes-anagrammes. Le premier, Hexentexte (1954), ne fut jamais traduit. Le second, Oracles et Spectacles (Editions Georges Visat, 1967) fut tiré à 120 exemplaires et n’est pas réédité.
Encore quelques exemples de ses poèmes-anagrammes ici, dont celui-ci :
Guten Abend, mein Herr, wie geht es Ihnen?
Heim ins Grab, denn heute weht ein Regen.
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