mardi 12 janvier 2010

Une lecture marxiste de la crise -- Patrick Artus



Notre interprétation de la crise est la suivante :

· il y a excès mondial de capacité de production, dû essentiellement à la globalisation et à l'investissement très important dans les pays émergents ;
· l'excès de capacité devrait normalement faire baisser la profitabilité des entreprises ; en réaction à cette évolution, les entreprises ont essayé de réduire les salaires, d'où, dans beaucoup de pays, le recul de la part des salaires dans le PIB, qui amplifie l'insuffisance de la demande par rapport à la capacité ; elles essaient aussi de devenir leader dans leur activité pour bénéficier de marges d'oligopole ;
· l'excès de capacité de production pousse les Etats à mener des politiques non coopératives visant à accroître le taux national d'utilisation des capacités : stimulation du crédit par les politiques monétaires très expansionnistes (d'où les bulles spéculatives sur les prix des actifs, l'excès d'endettement et les crises) ; sous-évaluation du taux de change dans les pays émergents.

Il s'agit bien d'une lecture marxiste (mais conforme aux faits) de la crise :

suraccumulation du capital (par "l'euphorie" des entrepreneurs) d'où baisse tendancielle du taux de profit ; réaction des entreprises à cette baisse du taux de profit par la compression des salaires, du capital, la concentration et l'obtention de rentes, d'où sous-consommation ; réaction, qui ne peut pas être efficace à long terme, des Etats par le développement du crédit et des activités spéculatives, comme substituts (palliatifs) à l'insuffisance de la production ; par le recours au commerce extérieur.



Assez inhabituel dans la littérature de Natixis ! Pas exactement original mais bien étayé. A croire que perdre quelques millions éclaircit les idées.


Ici.


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