Et finalement, qu'aurais-je retenu de cette édition ?
Il est encore certainement trop tôt pour le dire, certaines impressions mettant étonnamment longtemps à se former mais d'ores et déjà, la découverte du "Petit tour du monde" de Xavier Garcia (disponible sur le site de Revue Noire), une pièce d'une extrême économie de moyens (quelques samples de voix) qui m'a littéralement tenu envoûté sur les trois quarts de sa durée, "I suoni di Roma" de Anne-Claude Iger qui évoque si vivement une ville que je connais bien, "Le voyage au Paradis" de Dieter Kaufmann (extrait de sa "Symphonie acousmatique", disponible chez Motus), "Yegl" de Elsa Justel, véritable conversation où chaque son en entraine un autre, les sons soyeux de "SnowSongs" de Vivienne Spiteri, "Smash mix fresh" de Sachiyo Matsumoto aux sonorités à la Lithops, en mille fois purifiées ... Bien sûr, "L'enfer" de Parmégiani (présent ce soir-là, avec Francis Dhomont), d'après Dante, la découverte du "Paradis" si lumineux et vibrant de François Bayle (j'ai moins aimé son "Purgatoire", bien trop bavard à mon goût) et le "Voyage initiatique" de Pierre Henry où sonorités métalliques et boucles de voix ou de percussions se mélangent pour mieux se séparer comme les foulards de l'illusionniste !
Les deux plus fortes impressions qui me restent sont dues à la pièce de Bertrand Dubedout "Nara" (cd édité par l'empreinte digitale), évocation d'un rituel bouddhiste en 110 minutes qu'on ne voit pas passer (à l'exception, pour moi, vers le milieu, d'une section un peu longue de "parquet grinçant" - un son qui m'ennuie vite, que je trouve sans grâce et sans relief) et à la "surprise", une création de Pierre Henry, "Carnets de Venise", pièce où le vieux sorcier réalise une hybridation proprement inouïe des arias baroques, des sons concrets (en particulier métalliques) et des enregistrements d'ambiance; de quoi me faire oublier l'indigeste pudding "avec de vrais morceaux de Wagner dedans" qu'il nous avait infligé il y a quelques années chez lui ! La projection frontale de Jonathan Prager ("comme une carte postale", selon le souhait de l'auteur) donnait à l'alliance des voix et du métal l'apparence de ces ciels où un rayon de lumière perce les nuages d'orage. Ces voix restaient absolument nettes, et pourtant à ras de métal, comme se détachant d'une gangue en fusion pour s'élancer vers le ciel. Du très grand art. Tout comme ces mêmes voix baroques projetées légèrement au-dessus des sons de jeux d'enfants, comme un chœur d'anges juste au-dessus du monde. Sublime "carte postale", assurément !
Futura a quand même un défaut : au retour, j'ai toujours du mal à me réconcilier avec mes deux malheureuses enceintes !