jeudi 22 octobre 2009

Requiems


Les deux impressionnants poèmes de Yeshige Tcharents (Légende dantesque, Vision de mort) qui précèdent sont traduits de l'arménien par Louise Kiffer-Sarian; son site permet de découvrir bien d'autres poètes arméniens.

Roupen Vorperian, par exemple :

Le vaisseau de la vie n'a pas laissé de traces dans son sillage
L'oubli m'a pris toutes choses
Mes anciens rêves disparaissent comme des nuages,
Le souvenir passe aussi comme un chant.



Des poèmes qui rejoignent Anna Akhmatova à la section Requiem.

A côté d'Yitskhok Katzenelson, Le chant du peuple juif assassiné, dont je copie ici les premier et dernier quatrains de l'ultime section (Après la fin) :



La fin. Le ciel s'embrase dans la nuit, se torsade de fumée le jour, et la nuit flambe à nouveau !

Comme au désert sauvage de nos commencements : le jour, colonne de nuée, la nuit, colonne de feu ...

Mon peuple allait alors dans la joie, fortifié en sa foi, vers une vie nouvelle -- et maintenant, le bout du chemin, la fin ...

On nous a tous exterminés sur cette terre, du plus petit au plus grand, on nous a tous assassinés.


(...)


Malheur, il n'y a plus personne ... Il était un peuple, il était et il n'est plus ... Il était un peuple, il était, il a disparu !

Il était une fois une petite histoire, elle commence avec la Genèse et finit aujourd'hui ... Une belle histoire ? Non, une triste histoire !

Depuis Amalek et jusqu'à pire que lui, l'Allemand ... Ô cieux lointains, vaste terre, océans immenses !

Ne vous ramassez pas en une boule de matière pour anéantir les méchants de ce monde, laissez-les se détruire eux-mêmes sur cette terre !



A coté de tant d'autres moins connus, Władisław Szengel, par exemple, qui, au coeur de l'insurrection du Ghetto de Varsovie, durant laquelle il perdra la vie, écrivait :

Przeglądam i segreguję wiersze pisane dla tych, których nie ma. Te wiersze pisane czytałem ciepłym, żywym ludziom, pełen wiary w przetrwanie, w koniec, w jutro, w zemstę, w radość i budowanie.


Czytajcie.
To nasza historia.
C'est notre histoire.
To czytałem umarłym ...
C'est ce que je lisais aux morts ...



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