samedi 13 mars 2010

En toute candeur -- Kenneth White


Sa première traduction française, parue en 1964 au Mercure de France ; traduction de Pierre Leyris.

Tout Kenneth White est déjà là ; un peu plus que Kenneth White, même, me semble-t-il, tant l'indignation sociale qui sourd ici de certaines pages s'est estompée au fil du temps. Non que Kenneth White se soit fait une raison, non, bien sûr ; simplement, il s'est éloigné, toujours plus au Nord, toujours plus profond dans la blancheur, dans la candeur.

"La sorte d'art vers laquelle je vais, que par endroit j'ai réalisée peut-être, est un art qui serait abstrait et naturaliste en même temps. Le retour fréquent du mot "blancheur" est peut-être l'expression de ce désir."



Snowdust


Snow
sawdust of ancient forests
branches that held
the hopes of my wandering
now no more
point to the distant shore
where the sun
awaited my advent

now all the paths are hid
and what was beyond is dead

there is only the presence
of me
falling
sawdust
snow



Zhang Defeng


Sciure de neige


Neige
Sciure
D'anciennes forêts jetées bas
Les branches qui naguère
Portaient l'espoir de mon vagabondage
Ne désignent plus
Le lointain rivage
Où le soleil
Attendait que j'advienne

Tous les sentiers sont recouverts
Et ce qui était par delà est mort

Plus rien
Hors moi
Qui tombe
Sciure
Neige



La dernière strophe sonne plus encore "Kenneth White" en traduction française que l'original ! Seule réserve, pourquoi donc ces encombrantes majuscules ?



Open letter


Is there a cherry tree burning
outside your door burning
burning the door down burning
melting the glass in yor windows
tell me is there

Is there a silence screaming
over your tongue screaming
screaming your words down screaming
crying in the wilderness
tell me is there

Oh dark bird in the blue-falling night
and the red hmmer of my blood

Tell me be with me
tell me is there
the cherry tree burning
the silence screaming

Oh tell me tell me



Cy Twombly
Proteus


Lettre ouverte



Y a-t-il un cerisier qui brûle
Qui brûle à ta porte, qui brûle
Et consume ta porte, qui brûle
Et fond la vitre à la fenêtre
Dis, qu'en est-il

Y a-t-il un silence qui hurle
Qui hurle sur ta langue, qui hurle
Et couvre tes paroles, qui hurle
Et va criant dans le désert
Dis, qu'en est-il

O sombre oiseau perdu dans la chute bleue du soir
Et le rouge marteau de mon sang

Dis-moi, sois avec moi
Dis-moi, y a-t-il
Le cerisier qui brûle
Le silence qui hurle

Oh dis-moi dis-moi


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