il est de l’autre côté de la page
un murmure à bout de sens
un arc-en-ciel en terre en friche
une errance de couleurs et de sons
une incantation d’espace un diapason,
l’éclair là qui dure et signe
la chute de reins de l’horizon
la courbe nue du violoncelle
une passion où se déchaîne
si fragile le regard nécessaire
la part sensible de l’invisible,
on peut chemin sans croix
gravir par défi et plaisir
les pentes du mont Sabir
tout en armant son pas
à mille lieues de Ta’izz
ne plus parler langue raisonnable
ne plus mâcher écorce de syllabes
et cracher tout son qat
et taire toute voix
entendre par-devers soi la houle
d’outre-Levant le secret
d’avancer sans croire à l’outre-cime
et marcher à l’oreille comme d’autres à l’énergie
André Velter, in L’Arbre-Seul, Poésie/Gallimard, 2001
Voir aussi l'excellente thèse de Sophie Nauleau, André Velter Troubadour au long cours - Vers une nouvelle oralité poétique (2009).