Tous les deux, tous les deux, dans ce monde sans retour,
Nous vivons, nous existons – notre ailleurs est le même.
Arrête-toi, passant. Arrête-toi. Regardons-nous, l'un l'autre,
A travers nos sourires peut-être reconnaîtrons-nous un ami inconnu.
Arrête! Arrête! Où cours-tu ? Où vas-tu dans ta hâte?
Peut-être trouveras-tu dans mes yeux le feu d'un sourire d'or.
N'es-tu pas heureux que nous vivions et que nous nous soyons rencontrés.
Où passes-tu sans retour, sur ce chemin sans espoir de retour?
Je passerai moi aussi tout seul, triste, et je suivrai mon infini
Chemin de rêve, que toi aussi, ce soir, aveuglément tu as suivi.
Tu l’as suivi aveuglément, tu t’es éloigné dans la brume.
Et je me rappellerai longtemps ton visage distant et inconnu.
Je me rappellerai comme un souvenir que dans mon errance,
Quelqu’un m'a croisé dans la brume, il faisait noir, il faisait soir.
(1916)
Poème de jeunesse de Tcharents (ici et là), trouvé sur le site de Berge Tourabian qui a eu l'excellente initiative de donner à lire l'intégralité des poèmes qu'il met en musique, en arménien, en anglais et en français (aussi en allemand pour un disque). Faute de plus d'information, je suppose que la traduction est de lui.