Jean-Paul Dollé vient de faire paraître aux éditions Lignes un bref ouvrage qui livre des clés pour la compréhension de la crise actuelle mêlant opportunément trois fils qu'on trouve habituellement séparés :
- analyse de l'imaginaire de l'habitation, aux Etats-Unis tout particulièrement, donnant une perspective de longue durée vraiment bien venue à la crise des subprimes ;
- analyse plus classique de la dévalorisation des choses (valeur d'usage) en produits (valeur d'échange) appliquée au marché de l'immobilier ;
- analyse mêlant Baudelaire, Nietzsche et Benjamin autour de l'enlaidissement de monde, cette dernière analyse semblant parfois faire écho à des accents heideggeriens ("Bâtir est, dans son être, faire habiter. Réaliser l’être du bâtir, c’est édifier des lieux par l’assemblement de leurs espaces. C’est seulement quand nous pouvons habiter que nous pouvons bâtir.", Heidegger, Essais et Conférences, Tel/Gallimard) : Habiter, c'est séjourner auprès des choses, c'est-à-dire être au monde et non simplement dans le monde. Nous nous tenons auprès des choses continûment, dans la mesure où les choses - et non les produits - sont là et continuent d'être là. Nous demeurons auprès des choses qui durent. Ainsi nous habitons. S'il n'en est pas ainsi, alors les hommes font l'expérience - ou plutôt sont contraints de subir - l'inhabitable. Le capitalisme, structurellement, produit l'inhabitable.
Un court extrait :
Pour ce qui est des justes récriminations contre mon usage immodéré de la photocopieuse, voir ici, merci.