Histoire de mieux comprendre ce qui se joue maintenant en Isère, l'excellent texte de Pièces et Main d'oeuvres est là. Extrait :
La Villeneuve, c'est la technopole. Ce modèle de ville moderne, fondée sur la liaison recherche-université-industrie-pouvoirs publics (civils et militaires), et sur la tyrannie de l'innovation – tu t'adaptes ou tu crèves. Ce que le techno-gratin a dissimulé, dans ses présentations PowerPoint des "atouts de l'écosystème grenoblois" pour pomper les subventions d'État et le label "Pôle de compétitivité mondial", c'est la place réservée à ceux qui ne s'adaptent pas, pas assez vite. Les 15 000 habitants de la Villeneuve n'ont pas le profil technopolitain des Ingénieurs, Techniciens, Cadres, qui cultivent tout ensemble la foi dans le Progrès, la dénégation et la bienpensance autosatisfaite. Il fallait mettre quelque part les autres, si possible loin du centre ville où s'épanouissent désormais de gras vendeurs de vêtements de luxe et de vulgaires tenancières de "spas", équipés de 4x4 et de résidences sur les côteaux du Grésivaudan. Ce Grenoble-là, qui s'étale dans les pages glacées de magazines pour parvenus de province - tels ce "Beaux Quartiers", non distribué à la Villeneuve – a pointé sous Carignon, puis a été développé par Destot. Et chacun, parmi les 20 % de Grenoblois qui travaillent dans la recherche et l'enseignement, de faire semblant d'ignorer l'existence des en-dehors.