samedi 14 août 2010

Vichy (la pastille est dure à avaler ?)


Sont-ils vils et lâches d'avoir ainsi si odieusement attenté à l'honneur du Corps Glorieux de la Préfectorale, héritière d'une si noble tradition...
Heureusement,
la justice veillait, rendue en mon nom, entre autres, certes, mais je tiens, modestement, à revendiquer la part de triomphe qui me revient dans cet arrêt exemplaire. On a les fiertés qu'on peut, ces derniers temps.
J'attends avec impatience la traduction de Michel Rocard et Jean-Pierre Grand devant mes si chers tribunaux !





Trève d'auto-congratulations, il est temps de rectifier ce que j'avais écrit (en tout petit caractère, et par mégarde, qu'on n'en doute pas) dans un post sur Benjamin Fondane.

Voyons ... si j'écris qu'en mars 44 il a, bien plus
d'ailleurs qu'il n'y avait droit en tant que très "étrange étranger", (Wechsler, de son "vrai nom", n'est-ce pas ?) bénéficié de la diligence purement désintéressée de la police française, cela va ?


Les émigrants ne cessent d'escalader la nuit.
Ils grimpent dans la nuit jusqu'à la fin du monde.

Benjamin Fondane in Le mal des fantômes.




Formalisons :

(a) certains parmi les roms et les gens du voyage posent problème, nous dit le pouvoir ;
(b) "si tu veux un esclave fidèle, offre-lui un sous-esclave" (Günther Anders dans Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j'y fasse ?, chez Allia) ; il est devenu par trop évident que "les noirs" et "les arabes" ne conviennent plus comme population de sous-esclaves : le long-feu du débat sur l'identité nationale a au moins prouvé cela (ce qui n'était sans doute pas le but), que la société française avait sur ce sujet commencé à évoluer massivement. On peut toujours instrumentaliser deux ou trois burqa ici et là pour amuser la galerie mais rien de suffisant pour s'attacher la fidélité du bon peuple et par là-même être en mesure de détourner son attention ;
(c) sans surprise, il n'a pas fallu longtemps pour voir apparaître une ligne de fracture fictive équivalente au "Ostjudenproblem", ligne-mirage clairement décrite par Hannah Arendt (voir Walter Benjamin 1892-1940 qui reprend des intuitions lumineuses de Franz Kafka ; chez Allia) : "non, non, les gens du voyage, c'est pas comme les roms, faut pas confondre ... ils sont intégrés, eux, etc." A ce point, le piège est armé (*);
(d) après la tragédie, la scène est prête pour la farce.


Mais farce à l'échelle de l'histoire ne signifie pas gaudriole pour ceux qui en sont très réellement les victimes.






(*) Cet extrait du journal Sud-Ouest (en date du 14 août) l'illustre au-delà de la caricature ...

Caravanes rutilantes, puissantes berlines et 4×4 de luxe : on est loin, au stade d'Anglet, du dénuement des camps de Roms. Les membres de l'association La Vie du voyage, qui réunit plus de 200 familles de nomades, ont d'ailleurs très vite tenu à montrer hier qu'ils ne voulaient pas d'amalgame : dès que les forces de police ont encerclé le terrain, une banderole portant l'inscription « Liberté, Égalité, Fraternité » a été déployée. Quelques minutes plus tard, « La Marseillaise » retentissait d'un haut-parleur tandis que les hommes apposaient des autocollants bleu blanc rouge sur leurs vêtements.

Les insignes tricolores n'empêchaient pas la situation de se tendre entre la centaine de CRS postés aux entrées du camp et les familles massées devant eux. Dans le ciel, un hélicoptère de la gendarmerie surveillait les 280 caravanes et les mouvements du millier d'habitants du camp. Une dizaine de dépanneuses étaient prêtes à embarquer les véhicules bloquant l'entrée du camp.