Pour ce qui est des justes récriminations contre mon usage assurément cavalier et sans doute illégal de cette si belle image, voir ici, merci.
D'AUTRES humains (du moins je le présume)
ont regardé la vie par leurs carreaux
couler avec ses barques dans la brume.
D'autres QUE NOUS (flâneurs, grammairiens
mûris au miel intime du poème,
philatélistes d'éternels riens)
ONT FAIT leur lent voyage de tortue
le long des côtes maigres du connu,
sans épuiser leur feuille de laitue.
LA TRAVERSÉE sans doute avait si bien
mimé le temps, coulé avec les choses
du même rythme et imité le train
DE CETTE VIE -- si pleine de mesure ! --
qu'elle coula sans bruit dans un portrait
pendu au mur -- de Sage -- à l'embouchure
du Songe.
...............Nulle houle DE CES MERS
ne vint, de son écume, sous la lampe,
emplir leurs têtes vides d'univers
quand -- de leur plume d'oie, bouleversée --
ils écrivirent sans pâté, d'un trait :
"D'AUTRES QUE NOUS ONT FAIT LA TRAVERSÉE ..."
Le dernier poème de la section Le mal des fantômes (1942-1943), publié dans le recueil éponyme (chez Verdier).