dimanche 2 août 2009

Know your enemy

Le marché, le capitalisme, l’utilitarisme, jumelés ou non avec les Droits de l’Homme et la démocratie constituent-ils la « religion de l’Occident » ? Au-delà des boutades, des rebuffades grinçantes et du mot d’esprit, qu’en est-il si l’on prend la question du point de vue des théories de la religion ? Du point de vue des sciences des religions, conquises pratiquement tout entières aux constats de fragmentation, de sécularisation, d’émiettement, de sortie et autres retours par la marge de la religion, force est de constater qu’une telle hypothèse est pour le moins hardie, voire carrément hérétique. F. Gauthier prend la question à bras-le-corps pour interroger autant les analogies faciles que les évidences de la sécularisation pour engager un débat sur la définition de la religion et sa nature dans nos sociétés.

(Article original : Gauthier, François, 2008, « La religion de la « société de marché » », dans Entropia. Revue théorique et politique de la décroissance, No 5 (automne) : « Trop d’utilité ? », pp. 93-106.)



Christian Laval, L’utilitarisme comme représentation sociale du lien humain

« Comment se fait-il que la représentation de l’homme propre à l’utilitarisme, aussi massivement démentie soit-elle par toutes les enquêtes historiques et anthropologiques sur les sociétés humaines dont nous disposons aujourd’hui, soit encore si puissamment défendue et connaisse même une telle expansion dans les sciences humaines et sociales ? De quelle nature est cette représentation diffuse dont nous parlons pour s’assurer une telle puissance ? Pour répondre à cette question, Christian Laval en appelle notamment à Louis Dumont et ses travaux sur l’idéologie moderne en liant ses deux pôles économiques et individualistes. L’homo oeconomicus et l’utilitarisme seraient suivant cette lecture la structure mentale de nos sociétés, son évidence, voire la religion non explicitée mais sous-tendant nos sociétés occidentales. La religion, écrivait en cela Hegel, « est le lieu où un peuple se donne la définition de ce qu’il tient pour le Vrai ».

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