dimanche 9 août 2009

Soviet underground

Une bonne série de trois articles sur la génération des "bardes" par Alex Malina (en anglais) : Okudzhava, Gorodnitsky, Vysotsky, entre autres, puis Dolsky, Baschlachev ...

Dommage que la conclusion ignore apparemment tout de la Russie post soviétique. A sa liste, Malina pouvait ajouter Yegor Letov et Grazhdanskaya Oborona, Yanka, et puis quelques autres encore qui ont eux-aussi répondu à leur façon à la question de Vysotsky. Peut-être ces réponses ne lui conviennent-elle pas ?


(...) I think that the movement came out of the repression of the Soviet regime, such songs and poems and ideology can only be born out a state of fear, and a need for freedom. The poetry and song of the bards is still widely sung, is played on the radio every day, in theaters, in films, and all over the world. The style and genre is fading into a much larger form of society -- it has ceased to be underground and exclusive, it has entered the mainstream and lost its individuality, its personality of rebellion. The bards rose out of repression, loss, humiliation, stagnation, and stood for only one cause: freedom. As Vysotsky said, "Yesterday they gave me freedom, what am I going to do with it now?"

Give some meat to the dogs
Maybe they'll fight.
Give the drunks some kvass
Perhaps they'll fight each other.
So that the crows don't get fatter
Place a much larger scarecrow.
But so that the lovers love each other
Give them seclusion.
Throw seeds in the earth
Maybe you'll see some growth.
Fine! I'll be obedient
But then give me freedom!
They gave pieces of meat to the dogs
But the dogs didn't fight!
They gave kvass to the drunks
But they refused it.
People scare the crows
But the crows aren't scared.
People try to unite pairs,
But they would rather be single.
They poured water onto the ground,
But there was no growth -- amazing!
Yesterday they gave me freedom
What I am I going to do with it now?




Pourtant, Malina a écrit quelques textes plus sensibles que cette conclusion qui semble donner pour acquise l'accession de la Russie au paradis des libertés:

A Man Alone

There is a precious beauty to the silence of
a man alone
.........the beard grows
.............time frowns
.........a crow nests near the window
.....and one becomes a lovely prisoner
.....of inner loves of what was once.

I have become the silence
of a man alone
............bearded
................shoulders hunched like a raven,
................imprisoned by unrestrained youth.



Un autre article de Vladimir Novikov, plus "académique", sur le même sujet, intéressant en particulier par l'opposition bienvenue qu'il construit entre cette chanson de résistance ("magnetizdat") et la poésie de Yevtouchenko, caracolant après la bataille.
Et pourtant, là aussi, la même méconnaissance, le même mépris pour la génération des années 80-90 (pour ne rien dire de la génération actuelle):



Ha ! Le "Musée gouvernemental Vladimir Vysotski" ... Devant cette minable extase de rat de bibliothèque, comment ne pas penser encore à la plainte prophétique de Roman Jakobson dans La génération qui a gaspillé ses poètes ?
C'est peut-être là qu'il faudrait mesurer un écart, entre Novikov et Jakobson ! Mais ce serait simplement injuste. Il y a pourtant plus qu'une question de "niveau" qui est en jeu ici; même des gens aussi clairvoyants que Georges Nivat sont aveugles et sourds à ces générations. Comme coincés devant une forme qui s'apparente pour eux à la pure sauvagerie ... plutôt le tintamarre un peu cliquant mais toujours savant du post-modernisme (finalement, c'est rassurant, les références ... un peu comme les panneaux indicateurs, cela redonne confiance à chaque fois, même s'ils indiquent invariablement la mauvaise direction), Timour Kibirov en tête (qui n'est pas négligeable, au demeurant), que le fracas littéralement (littérairement ?) "insituable" de Grazhdanskaya Oborona !


Bah, il en est de Bashlachev ou Vysotski comme de Maïakovski. On n'épingle pas la foudre sur le coussin des musées (fussent-ils gouvernementaux) !


Et sur Baschlachev, à peu près tout (tout, c'est-à-dire beaucoup, mais en russe seulement).
Et tant pis si Vladimir Novikov n'y fait pas de découverte lyrique "ahurissante". S'il ne s'agissait que de cela, Yevtouchenko pourrait amplement faire l'affaire ! Un musée gouvernemental aussi ...

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