mercredi 8 juillet 2009

Pierre Reverdy


Une autre explication du mystère

Je ne peux plus rien voir, au fond du ciel, qu'un énorme chien blanc qui mord la lune. Et le chien n'est pas un nuage. S'il n'appartient à personne, il s'en ira. Et nous pourrions revoir le jour. Mais si ce chien appartient à cet homme qui s'accoude sur la montagne pour nous regarder et se moquer de nous ? Les bruits mystérieux s'arrêtent et la nuit devient dure. Nous sommes sur le point de faire un tour de plus.


L'angoisse

Des paroles confuses s'élèvent, dans la nuit. Et des mains restent tendues vers la lumière. Dans la chambre où l'on craint de mourir, la porte refermée, on n'entend plus de bruits. La prière est inconnue aux habitants de l'ombre. Et leurs lèvres, comme leur cœur, restent muettes.
De la rue, monte un murmure paisible. Le soir est tiède. Alors l'espoir renaît. Mais les murs trop étroits se serrent. Ils garderont longtemps la trace significative de ces nombres. Et même, pour plusieurs, jusqu'à leur nom.


Pierre Reverdy in La balle au bond (1928)
(Sources du vent précédé de La balle au bond, Poésie/Gallimard)

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